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Un tribunal camerounais rejette la demande de remise en liberté des dirigeants de l’opposition

Les autorités devraient relâcher les victimes d’arrestations arbitraires et garantir la liberté de réunion

Des manifestants sont stoppés par des gendarmes et des policiers à Bafang, dans l’ouest du Cameroun, le 22 septembre 2020. © 2020 Privé

Le 12 janvier, une cour d’appel du Cameroun a rejeté les efforts pour obtenir la remise en liberté d’Olivier Bibou Nissack et d’Alain Fogue Tedom, deux membres éminents du principal parti d’opposition du pays, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), et de 20 autres membres du MRC. Arrêtés en septembre 2020 alors qu’ils exerçaient leur droit à la liberté de réunion, ils sont depuis en détention.

La décision du tribunal est intervenue après qu’une première juridiction a rejeté une demande d’habeas corpus déposée par les avocats des accusés le 5 novembre 2020.

Nissack et Fogue sont visés par des accusations politiquement motivées, notamment tentative de révolution, rébellion et attroupement aggravé. Ils ont d’abord été placés en garde à vue pendant plus d’un mois au Secrétariat d’État à la Défense (SED), à Yaoundé, avant d’être transférés à la prison centrale de la capitale le 3 novembre pour une détention provisoire de six mois. Au SED, ils ont été placés en isolement, privés de tout matériel de lecture et souvent d’accès à leurs avocats.

Nissack et Fogue ont été arrêtés dans le cadre d’une répression massive menée par le gouvernement contre des manifestations pacifiques organisées par le MRC le 22 septembre à traversle Cameroun, qui s’est traduite par l’arrestation de plus de 500 personnes, principalement des membres et des partisans du MRC.

De nombreux manifestants pacifiques ont été roués de coups lors de leur arrestation et pendant leur détention. « La police m’a passé à tabac à coups de matraque », a déclaré à Human Rights Watch un membre du MRC âgé de 39 ans arrêté à Douala. « J’ai passé neuf jours à la prison de la police judiciaire, dormant par terre et sans pouvoir consulter mes avocats. »

Sur plus de 500 personnes arrêtées, au moins 136 sont toujours en détention, dont 20 ont été reconnues coupables et condamnées à des peines de prison par des tribunaux civils, selon les avocats du MRC.

« Dans le système de justice pénale camerounais, les demandes d’habeas corpus semblent avoir perdu leur valeur car des personnes présumées innocentes sont systématiquement privées de leur liberté », a constaté Menkem Sother, avocat de Nissack.

Le dirigeant du MRC, Maurice Kamto, continue de contester les résultats de l’élection présidentielle de 2018 qui ont confirmé la victoire du président Paul Biya, au pouvoir depuis 38 ans.

Les autorités camerounaises devraient respecter le droit des personnes de manifester pacifiquement, remettre immédiatement en liberté les personnes détenues à tort et enquêter sur les agissements des forces de l’ordre dans le cadre de la répression et du traitement réservé aux détenus en 2020.

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