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Il faut renouveler les sanctions de l’UE contre des responsables congolais

Les États membres doivent se tenir aux côtés des victimes et exiger que justice soit rendue

Des policiers congolais procèdent à l’arrestation de membres du mouvement jeunesse Filimbi participant à un sit-in pacifique devant le bureau de l'Union africaine à Kinshasa, le 29 octobre 2016. © Privé

Carbone Beni n’a pas fermé l’œil de la nuit le 17 décembre 2016. Six militaires le rouaient de coups alors qu’il venait de passer quatre jours, nu, dans un cachot obscur à Kinshasa. Beni avait été arrêté lorsqu’il militait pour que le président congolais de l’époque, Joseph Kabila, quitte le pouvoir à la fin de son second mandat. Dans la journée qui a suivi cette nuit de passage à tabac il s’est retrouvé face au général Ilunga Kampete, alors commandant de la Garde républicaine, unité d’élite. « Si vous voulez être libéré, dites aux médias que vous êtes prêt à travailler avec le président », l’a averti Kampete.

Depuis ce mois-là, Kampete fait l’objet de sanctions ciblées de l’Union européenne pour violations des droits humains. L’UE doit décider dans les jours qui viennent de proroger ou non ces sanctions – gel d’avoirs financiers et interdiction de visa – prises contre lui et 10 autres dignitaires de la République démocratique du Congo, tous responsables d’une violente répression et d’autres graves violations des droits humains. Ces sanctions devraient être reconduites.

Les sanctions de l’UE ont été imposées pour la première fois en décembre 2016 contre des individus qui avaient joué un rôle clé dans la répression politique. Les États-Unis et le Conseil de sécurité des Nations Unies ont également infligé des sanctions à de hauts fonctionnaires congolais. D’autres noms ont été ajoutés en 2017 à ces listes de personnalités sanctionnées.

Mais aucun de ces responsables congolais, comme Kampete, n’ont depuis fait l’objet d’enquêtes ou de poursuites judiciaires de la part du gouvernement pour violations présumées des droits humains, laissant aux victimes et à leurs familles le sentiment que justice ne sera jamais rendue.

Succédant à Kabila, Félix Tshisekedi, est entré en fonctions en janvier 2019, en promettant une approche respectueuse des droits humains. Bien qu’il ait initialement montré des signes encourageants, la répression des détracteurs, des journalistes et de manifestants pacifiques a été constante tout au long de l’année 2020. Il n’est pas exclu que certains des individus sanctionnés par l’UE, comme Kampete, continuent d’être influents, même s’ils n’occupent plus de poste officiel. Leur impunité démontre qu’en dépit d’un changement au sommet, les responsables qui n’ont pas été amenés à rendre des comptes pour de graves exactions peuvent continuer sans être inquiétés. D’autres ont même désormais été promus à des postes plus élevés.

L’UE devrait rappeler à Tshisekedi que, malgré le temps qui passe, le monde n’oubliera pas les crimes commis par des responsables de haut rang. « Les sanctions doivent rester jusqu’à ce que ces gens puissent répondre de leurs actes », a déclaré Beni, qui continue à militer en faveur de la démocratie. En RD Congo, l’UE devrait se tenir aux côtés des victimes d’exactions et exiger que justice soit rendue.

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