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En attente de justice pour les opérations de police meurtrières en RD Congo

Les victimes des Opérations Likofi et leurs familles ne devraient pas être oubliées

Des policiers congolais participant à l’Opération Likofi dans la capitale de la RD Congo, Kinshasa, le 2 décembre 2013. © 2013 Privé

Il était 3h00 du matin ce 18 décembre 2013 lorsqu’une vingtaine de policiers ont fait irruption au domicile de Gauthier (pseudonyme), 24 ans, et l’ont fait monter de force dans leur pick-up. C’est la dernière fois que sa mère l’a vu. Gauthier fait partie des dizaines de jeunes hommes et garçons soupçonnés d’être des « kulunas » ou membres de gangs, qui ont été ciblés par une campagne policière brutale de plusieurs mois, à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo.

« Personne ne m’a jamais dit où est mon fils », a déclaré la mère de Gauthier par téléphone à Human Rights Watch la semaine dernière. « Cela me fait beaucoup de peine quand mon petit-fils, qui a maintenant 10 ans, me demande où est son père. » Lors de cette opération, qui a commencé le 15 novembre 2013, les forces de l’ordre ont tué au moins 51 jeunes hommes et garçons. Trente-trois autres, comme Gauthier, ont été arrêtés et depuis, leurs proches n’ont plus jamais eu de nouvelles. Deux ans plus tard, les autorités congolaises, sous l’administration du président de l’époque, Joseph Kabila, ont reconnu certains cas d’inconduite policière. Mais sept ans plus tard, les personnes qui portent la plus lourde responsabilité dans les abus commis n’ont toujours pas fait l’objet d’enquêtes ou de poursuites judiciaires, et les familles des personnes tuées ou disparues sont toujours en attente de réponses et de justice.

Dénommée « Opération Likofi » ou « coup de poing », la campagne visait à débarrasser Kinshasa de jeunes au comportement violent qui constituaient une source croissante d’insécurité dans la ville depuis au moins 2006. Souvent armés de machettes ou de tessons de bouteille, les membres de ces bandes de quartier peu organisées avaient été utilisés par des dirigeants politiques pour leur protection ou pour intimider leurs adversaires. Loin d’atteindre son but, l’opération Likofi a au contraire contribué à répandre la terreur et la peur à travers Kinshasa. Quatre autres opérations – Likofi II, Plus, III et IV – ont été menées les années suivantes. Au cours de la dernière campagne, en 2018, la police a tué au moins 27 suspects et 7 autres n’ont jamais été retrouvés. Là encore, aucune enquête ou procédure judiciaire n’a été engagée pour ces abus.

Cette année, sous l’administration du président Félix Tshisekedi, la police a arrêté des centaines de « kulunas » présumés, dans un contexte de reprise de l’insécurité dans la capitale. Une centaine d’entre eux ont été envoyés, sans inculpation ni procès, dans un centre d’éducation paramilitaire dans la province du Haut-Lomami, dans le sud du pays. Les autres sont toujours en détention provisoire à Kinshasa, dans l’attente d’une éventuelle inculpation.

Les autorités congolaises devraient s’assurer que toute nouvelle opération policière soit menée dans le respect des droits et œuvrer pour enfin rendre justice aux familles des victimes des campagnes policières meurtrières précédentes.

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