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Cérémonie d’investiture du président Évariste Ndayishimiye à Gitega, au Burundi, le 18 juin 2020. Ndayishimiye a pris le pouvoir deux mois plus tôt qu’initialement prévu, suite au décès soudain de son prédécesseur, Pierre Nkurunziza. © 2020 Berthier Mugiraneza/AP Photo

(Nairobi, 15 juillet 2020) – Le nouveau président du Burundi, Évariste Ndayishimiye, devrait faire de la protection et de la promotion des droits humains une priorité pendant sa présidence, a déclaré Human Rights Watch dans une lettre au président rendue publique aujourd’hui. La nouvelle administration a pris des mesures positives pour s’attaquer au Covid-19, mais les défis à surmonter restent de taille.

Human Rights Watch a présenté huit recommandations pour améliorer les droits humains dans le pays pendant la première année du mandat de Ndayishimiye, notamment démettre de leurs fonctions les agents des forces de sécurité et autres fonctionnaires responsables d’abus ; contrôler et lancer des poursuites judiciaires contre les membres de la ligue des jeunes Imbonerakure du parti au pouvoir qui commettent des abus ; faire respecter les droits à la liberté d’expression, d’assemblée et d’association ; assurer l’indépendance du pouvoir judiciaire ; demander des comptes à ceux qui ont commis les pires abus ; et rétablir la coopération avec les mécanismes régionaux et internationaux judiciaires et des droits humains.

« Le défi qui se présente au président Ndayishimiye est colossal : mettre fin aux cycles de violence et d’abus alimentés par l’impunité, qui affectent le Burundi depuis longtemps », a déclaré Kenneth Roth, Directeur exécutif de Human Rights Watch. « Contrôler les Imbonerakure, mettre fin à l’impunité pour les abus et ouvrir l’espace politique au Burundi sont autant d’éléments clés pour y parvenir ».

Ndayishimiye a prêté serment en juin 2020 après un scrutin controversé, peu de temps après la mort inattendue de l’ancien président Pierre Nkurunziza le 8 juin. Les dirigeants burundais devraient veiller à ce que des réformes concrètes en matière de démocratie et de droits humains soient mises en œuvre et à ce que justice soit rendue pour les abus passés, a déclaré Human Rights Watch.

Dans son discours inaugural du 18 juin, Ndayishimiye a promis de réformer le système judiciaire et de veiller à ce que tous les fonctionnaires ou autres responsables qui commettent des délits rendent des comptes. Il a également garanti aux Burundais que son gouvernement prendrait des mesures pour protéger les victimes et les témoins, et que la corruption ne serait pas tolérée. Ndayishimiye a promis à plusieurs reprises que les exilés politiques et les réfugiés pourraient rentrer au pays en toute sécurité.

Le 30 juin, Ndayishimiye a également déclaré que le Covid-19 était « le pire ennemi » du Burundi et s’est engagé à augmenter le dépistage de la maladie et à baisser le prix de l’eau et du savon. Plus tôt ce mois-là, des professionnels de santé et des experts avaient fait part à Human Rights Watch des préoccupations qu’ils avaient au sujet de l’augmentation du nombre de personnes présentant des symptômes de Covid-19 et affirmé que les autorités refusaient d’effectuer des tests ou de répondre de manière adaptée à la pandémie. Mais Ndayishimiye s’est aussi adressé en termes menaçants à ceux qui refusent de se faire tester pour le Covid-19. Le Burundi a plus que besoin d’une réponse au Covid-19 qui s’appuie sur la science et sur les faits, et ces mesures doivent aussi respecter les droits humains fondamentaux, a déclaré Human Rights Watch.

D’autres déclarations sont tout aussi préoccupantes. Lors de son discours inaugural, Ndayishimiye a fait des commentaires méprisants au sujet des défenseurs des droits humains, des lanceurs d’alerte et de ceux qu’il a accusés de critiquer le gouvernement. De même, certaines décisions récentes de la nouvelle administration soulèvent des doutes sur l’engagement du nouveau gouvernement à faire respecter ses obligations en matière de droits fondamentaux.

La nomination du Premier ministre Alain Guillaume Bunyoni et du ministre de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique Gervais Ndirakobuca, tous deux sous le coup de sanctions internationales pour leur rôle présumé dans les violences de 2015, soulève des inquiétudes sur de possibles ingérences dans les enquêtes judiciaires sur les abus commis par le passé. Le gouvernement burundais devrait veiller à ce qu’aucune personne susceptible de faire l’objet d’une enquête criminelle ou autre sur des violations des droits humains ne soit en mesure d’influencer cette enquête, a déclaré Human Rights Watch.

« En prenant des mesures fortes, audacieuses et concrètes pour faire avancer les droits, le président Ndayishimiye pourrait tourner la page sur les violences et les abus du régime de Nkurunziza », a déclaré Roth. « Ndayishimiye devrait mettre en œuvre des changements systémiques qui profitent à toutes les Burundaises et à tous les Burundais, en commençant par faire face à la crise sanitaire urgente qui se déroule actuellement ».

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