(Beyrouth, le 22 mai 2020) - Les civils fuyant les combats ayant repris dans le nord du Yémen sont particulièrement vulnérables face à la pandémie de Covid-19, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch.
Dans le gouvernorat de Marib, les forces houthies combattent les forces gouvernementales, soutenues par la coalition dirigée par l'Arabie saoudite. La zone du conflit est désormais plus proche des camps pour les personnes déplacées à l'intérieur du pays, qui sont surpeuplés qui sont déjà confrontés à une forte insuffisance des services de santé et de l’aide humanitaire. Toutes les parties au conflit devraient prendre des mesures immédiates pour protéger les personnes déplacées vivant dans les zones instables, et faciliter l'accès à l'aide humanitaires. Les mauvaises conditions de vie dans ces camps, aggravées par les récentes inondations, rendent les résidents particulièrement vulnérables face aux risques liés à la pandémie de Covid-19. Le Yémen ne dispose pas des moyens pour lutter de manière efficace contre la propagation du coronavirus, d'autant plus que les donateurs ont réduit leur aide.
« Les forces du gouvernement yéménite et les forces houthies doivent protéger les civils qui fuient les zones de combat, et s'assurer qu'ils puissent obtenir de l'aide », a déclaré Afrah Nasser, chercheuse sur le Yémen à Human Rights Watch.
Le conflit armé qui a commencé au Yémen en mars 2015 a conduit au déplacement de près de quatre millions de personnes. De nombreux habitants ont dû fuir leurs domiciles en raison des graves violations des lois de la guerre, comme d’une part les frappes aériennes illégales menées par la coalition saoudienne contre des maisons, des écoles et des marchés, et d’autre part le bombardement indiscriminé de quartiers résidentiels par les Houthis.
Depuis début 2020, les combats dans le nord du Yémen se sont intensifiés, provoquant le déplacement de milliers de personnes vers Marib. L'agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a signalé que plus de 40 000 personnes ont déjà été déplacées depuis le début de l'année, et que d’autres risques de l’être, alors que les forces houthies se rapprochent de Marib.
Des représentants de l'ONU ont exprimé leur forte inquiétude au sujet de certaines prévisions épidémiologiques, selon lesquelles près de 16 millions de personnes au Yémen, soit 55 % de la population, risquent d’être infectées par le coronavirus. Le système de santé du pays, sous-financé et partiellement détruit par des années de guerre, n'est pas suffisamment solide pour permettre à la fois l’apport de soins à tous les patients atteints de Covid-19, et la prise de mesures efficaces pour endiguer la propagation du virus.
Selon le HCR, les personnes déplacées sont « les plus vulnérables face à la menace du Covid-19 ». La plupart de ces personnes se trouvent dans des camps dangereusement surpeuplés avec un accès inadéquat à l'eau potable, à l'assainissement et à d'autres services essentiels, et sans réelle possibilité de distanciation. De récentes inondations à Marib ont touché au moins 16 camps, augmentant aussi le risque d'une nouvelle épidémie de choléra.
« Toutes les parties belligérantes doivent collaborer avec les donateurs pour éviter une nouvelle catastrophe », a souligné Afrah Nasser.
Communiqué complet en anglais : en ligne ici.
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#Yémen : les personnes #déplacées sont particulièrement exposées au risque de #Covid19. HRW appelle d’urgence les belligérants à permettre l’acheminement d’aide #humanitaire vers les camps surpeuplés et insalubres, dans les zones durement touchées. https://t.co/OrjqxvjZ7C
— HRW en français (@hrw_fr) May 25, 2020