(Beyrouth, le 29 mars 2020) - Après avoir confirmé les trois premiers cas de COVID-19 en Libye le 28 mars, les autorités devraient prendre des mesures pour limiter la propagation du coronavirus dans les centres de détention surpeuplés ainsi que dans les édifices abritant les personnes déplacées, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.
Le système de santé libyen, parmi d'autres services publics, a été fortement affaibli par des conflits armés intermittents et des clivages politiques depuis 2011.
« Si la pandémie de COVID-19 devait se propager en Libye, le système de santé du pays ne serait pas actuellement en mesure de subvenir aux besoins d’un nombre très élevé de patients », a déclaré Hanan Salah, chercheuse senior sur la Libye à Human Rights Watch. « Les préparatifs de la Libye devraient inclure des mesures pour protéger tous les citoyens, y compris les populations vulnérables comme les détenus dans les prisons, ou les personnes déplacées contraintes de vivre dans des refuges. »
Les autorités devraient réduire le nombre de personnes en détention en libérant celles qui ont été arrêtées arbitrairement, ou de manière injuste. Elles devraient aussi libérer les personnes détenues sans avoir été ni inculpées ni jugées, ainsi que les migrants et demandeurs d'asile détenus uniquement en raison de l’irrégularité de leur statut d'immigration. Enfin, les autorités devraient également envisager de libérer les mineurs, les délinquants ayant commis des délits non violents, ainsi que les détenus ayant déjà purgé la majeure partie de leur peine.
Les détenus les plus vulnérables tels que les prisonniers âgés, les personnes handicapées ainsi que celles souffrant déjà d’autres problèmes de santé devraient également bénéficier faire le l’objet de mesures constituant une solution alternative à la détention, selon Human Rights Watch.
Le 28 mars, le ministère de la Justice du Gouvernement d'union nationale (Government of National Accord, GNA), l'un des deux gouvernements rivaux en Libye, a fait un premier pas en annonçant la libération conditionnelle de 466 détenus incarcérés dans des prisons surpeuplées de Tripoli.
La Mission des Nations Unies en Libye a appelé à une « pause humanitaire » dans le conflit armé, afin de permettre aux autorités de répondre à la pandémie.
Depuis avril 2019, deux entités rivales se disputent le contrôle de la Libye : d’une part le Gouvernement d'union nationale, basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, et d’autre part le Gouvernement provisoire basé dans l'est du pays.
Communiqué complet en anglais :
www.hrw.org/news/2020/03/29/libya-detainees-risk-coronavirus-spread
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#Libye : Face au risque de propagation du #COVID19, les autorités ont décrété un couvre-feu et procédé à la libération conditionnelle de certains #prisonniers à #Tripoli. Mais il faut aller plus loin, et protéger aussi les personnes déplacées, selon HRW. https://t.co/3VemsE1qUG
— HRW en français (@hrw_fr) March 29, 2020