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Ciblée pour vouloir aller à l’école au Cameroun

Les séparatistes poursuivent impunément leurs attaques contre l’éducation

Une salle de classe aperçue à travers la fenêtre d'une école située dans la région anglophone du Cameroun. © 2018 Bede Sheppard / Human Rights Watch

Le 30 janvier, des séparatistes armés ont enlevé une lycéenne de 19 ans, « Marie » (pseudonyme), à Buea, dans la région anglophone du Sud-Ouest au Cameroun. Trois jours plus tard, d’un coup de machette, ils l’ont amputée d’un doigt.

Pour quelle raison ? Marie voulait se rendre au lycée.

Depuis 2017, des groupes armés séparatistes imposent un boycott de l’enseignement dans les deux régions anglophones du pays, dans leur tentative obstinée de faire pression sur le gouvernement pour obtenir une meilleure reconnaissance politique.

Ils ont incendié des bâtiments scolaires, enlevé et agressé des élèves et des enseignants qui ne respectaient pas leur exigence que les établissements restent fermés. Ils ont établi leur quartier général dans des établissements scolaires, dans lesquels, ou près desquels, ils torturent des gens et les retiennent en otages.

« Ils m’ont punie parce qu’ils avaient trouvé des manuels scolaires dans mon sac », a témoigné Marie. « Ils voulaient me couper un doigt de la main droite, pour que je ne puisse plus écrire. Mais je les ai suppliés de ne pas le faire, alors ils m’ont sectionné l’index de la main gauche. »

Selon le témoignage de Marie, les séparatistes ont également mutilé un jeune homme de 19 ans qui était détenu avec elle, lui aussi accusé de fréquenter le lycée. Les deux élèves ont été libérés le 3 février, après le paiement d’une rançon. Ils ont reçu un traitement médical, mais ne sont pas encore retournés en classe.

Les attaques des séparatistes dirigées contre les établissements scolaires, les élèves et les enseignants des régions anglophones ont eu un impact dévastateur sur l’éducation. D’après les Nations Unies, près de 600 000 enfants ne peuvent plus se rendre en classe depuis fin 2016, et seulement 19 % des établissements primaires et secondaires sont ouverts dans les régions Nord-Ouest et Sud-Ouest. Par ailleurs, les forces gouvernementales ont été impliquées dans une attaque incendiaire contre un établissement scolaire, selon des enquêteurs indépendants.

En septembre 2018, le Cameroun a annoncé qu’il soutenait la Déclaration sur la sécurité dans les écoles. Ce pays est l’un des 28 membres de l’Union africaine ayant adopté cet engagement politique à protéger l’éducation lors des conflits armés. De toute évidence, il faut que le gouvernement fasse davantage pour veiller à ce que les enfants puissent retourner en classe en sécurité et promouvoir des formes d’enseignement alternatives, notamment via la radio, l’Internet ou la télévision, pour les élèves qui ne peuvent pas encore y retourner.

De par leur campagne brutale, les séparatistes font de l’éducation une arme servant leurs fins politiques, privant au passage toute une génération d’enfants de leur droit fondamental à l’éducation. Les leaders du mouvement séparatiste devraient immédiatement ordonner à leurs combattants et partisans de cesser d’interférer avec la scolarité des enfants. 

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