Le 16 février, 170 élèves d’un pensionnat – dont un grand nombre de filles âgées de moins de 18 ans – ont été kidnappés par un groupe de séparatistes armés à Kumbo, dans la région du Nord-Ouest du Cameroun. Les ravisseurs, qui ont pris d’assaut le pensionnat au petit matin, ont également enlevé un enseignant et deux gardes. Toutes ces personnes été libérées le lendemain, sur fond de rumeurs concernant le paiement d’une rançon. L’école reste fermée, depuis cet incident.
Human Rights Watch a interrogé de nombreux témoins, et a examiné plusieurs images des récents abus commis à Kumbo.
La crise dans les régions anglophones du Cameroun a eu de lourdes conséquences sur l’éducation. Les séparatistes et des assaillants inconnus ont endommagé, détruit ou incendié de nombreuses écoles et enlevé des centaines d’élèves à travers ces régions.
La situation sécuritaire est explosive à Kumbo, qui est en crise depuis septembre dernier. Lors du week-end dernier, apparemment en guise de représailles s contre des habitants suspectés d’être des sympathisants des séparatistes, les forces de sécurité ont mis le feu à un grand nombre de maisons et de magasins à Kumbo. Les destructions de propriétés privées par les forces de sécurité camerounaises sont monnaie courante depuis le début de la crise. Human Rights Watch a documenté l’incendie de plus de 20 villages par des membres des forces de sécurité en 2017 et 2018, dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Le lendemain de l’enlèvement de masse, des militaires qui recherchaient des séparatistes blessés ont fait irruption à l’hôpital de Shisong et ont tiré plusieurs coups de feu en l’air. Les soldats ont également menacé de tuer un homme devant le personnel hospitalier. Ces évènements se sont déroulés alors que des informations font état de nouve00.lles attaques visant des établissements sanitaires, notamment le pillage par les séparatistes d’un centre de soins du village de Wosing, le 15 février, et la destruction de l’hôpital de district de Kumba, le 11 février.
De nombreux établissements à Kumbo ont cessé de fonctionner en raison des affrontements entre les séparatistes et les forces de sécurité. Des milliers de personnes ont fui la région depuis l’escalade de la violence. Ceux qui sont restés sur place ont déclaré à Human Rights Watch vivre dans la peur de la violence.
Les autorités camerounaises et les séparatistes devraient mettre fin aux abus commis à l’encontre des habitants en toute illégalité, et veiller à ménager aux intervenants humanitaires un accès libre et sans entrave à la région afin de leur permettre d’évaluer les besoins de la population locale et de lui fournir une assistance.