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France : Les droits humains doivent être au cœur des pourparlers sur la Libye

La responsabilisation pour les graves crimes, essentielle à tout accord de paix

Des miliciens alliés au Gouvernement d’union nationale en Libye, reconnu par la communauté internationale, photographiés lors d’affrontements avec un groupe armé rival à Tripoli, dans le nord-ouest du pays, le 22 septembre 2018. © 2018 Hani Amara/Reuters

(New York) – Les dirigeants internationaux devraient s’assurer que les questions relatives aux droits humains et à la responsabilisation fassent partie intégrante des pourparlers visant un règlement politique entre les parties au conflit en Libye, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui dans une lettre adressée au ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. La France a convoqué une réunion ministérielle qui se tiendra lors de l’Assemblée générale des Nations Unies, le 26 septembre 2019.

Les conflits armés qui font rage depuis début avril entre les groupes affiliés à l’Armée nationale libyenne (ANL), commandée par le général Khalifa Haftar, et les groupes affiliés au Gouvernement d’entente nationale, soutenu par les Nations Unies, ont causé la mort d’au moins 100 civils. Le conflit a également déplacé plus de 120 000 personnes et détruit des infrastructures civiles. Depuis la fin de la révolution de 2011, les groupes armés en Libye opèrent dans une quasi-impunité, le système national de justice pénale étant désormais dysfonctionnel.

« La France et Jean-Yves Le Drian ne devraient pas éviter de sengager publiquement afin que les responsables civils et militaires en Libye répondent des plus graves atteintes aux droits humains », selon Bénédicte Jeannerod, Directrice France de Human Rights Watch. « Persister à croire qu’un règlement politique peut se baser sur limpunité provoquera d’amères regrets chez les dirigeants internationaux face à la poursuite des violations. »

Depuis 2011, Human Rights Watch a documenté de graves violations du droit international en Libye, notamment des déplacements forcés massifs, des détentions arbitraires prolongées sans inculpation, des enlèvements et disparitions forcées, ainsi que des actes de tortures. Human Rights Watch a également documenté les abus systématiques et généralisés à l’encontre des migrants et demandeurs d’asile se trouvant aussi bien aux mains de passeurs et de trafiquants d’êtres humains que dans les centres de détention gérés par le ministère de l’Intérieur du Gouvernement d’entente nationale. Le travail forcé, le viol, la privation de nourriture et d’eau, les coups figurent parmi les abus documentés.

Les dirigeants internationaux devraient sanctionner les nombreuses violations qui ont été rapportées de l’embargo sur les armes imposé par les Nations Unies en Libye, a déclaré Human Rights Watch. Ces violations ont permis à des armes et des munitions de tomber aux mains de groupes qui commettent des crimes graves. Les dirigeants internationaux devraient également soutenir l’appel des organisations non gouvernementales libyennes et internationales à créer un organe international chargé d’enquêter sur les violations des droits humains en Libye.

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Correction

Ce communiqué a été mis à jour afin d’indiquer la date exacte de la réunion ministérielle, soit le 26 septembre 2019.

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