(Beyrouth, le 24 janvier 2019) - La plupart des 48 000 anciens habitants de la ville de Tawergha en Libye sont toujours dans l’incapacité de retourner chez eux sept ans après leur déplacement forcé, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui à l’issue d’une mission de recherche effectuée dans cette ville.
Malgré la signature d’accords de réconciliation qui auraient dû permettre le retour des habitants de Tawergha, la destruction massive et délibérée d’une grande partie de la ville et de ses infrastructures, ainsi que les conditions d’insécurité, ont empêché la quasi-totalité des familles de rentrer chez elles. Une nouvelle analyse d’images satellitaires montre en outre qu'entre 2013 et 2017, quand cette ville était sous le contrôle de milices de Misrata, ville côtière située au nord de Tawergha, le réseau électrique a subi de forts endommagements. Des câbles souterrains d’une longueur totale de plus de 20 kilomètres ont manifestement été sciés et volés durant cette période.
« Des milices qui provenaient surtout de Misrata ont non seulement chassé les habitants de Tawergha, mais ont aussi détruit systématiquement une grande partie de cette ville, apparemment pour empecher le retour des personnes déplacées », a déclaré Hanan Salah, chercheuse senior sur la Libye à Human Rights Watch. « Le Gouvernement d’accord national devrait d’urgence élaborer une stratégie permettant le retour en toute sécurité des habitants de Tawergha, mettre en place des projets de reconstruction et traduire en justice les miliciens et commandants responsables de déplacements forcés et de destruction délibérée. »
La Procureure de la Cour pénale internationale (CPI) devrait en outre déterminer si des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité ont été commis à l’encontre des habitants de Tawergha, dans le cadre d’enquêtes en cours au sujet de la Libye, selon Human Rights Watch.
Environ 48 000 habitants de Tawergha ont dû fuir leur ville lors le soulèvement qui a renversé Mouammar Kadhafi en 2011, et sont aujourd’hui dispersés à travers le pays. En août 2011, la population civile de Tawergha a fui en raison de l’avancée de groupes armés anti-Kadhafi, principalement de Misrata, par crainte d’attaques et de représailles.
En guise de punition collective suite au déplacement forcé des habitants de Tawergha – qui pourraient ensemble constituer un crime contre l'humanité – des groupes armés de Misrata et des autorités civiles ont ensuite empêché le retour de ces habitants et les ont menacés. Ils les ont accusés d’avoir soutenu Kadhafi et d'avoir commis des atrocités contre des personnes qui cherchaient à le renverser. Les habitants de Tawergha n’ont pas pu retourner chez eux jusqu'à la signature de la charte de la paix en 2018.
Communiqué complet en anglais :
www.hrw.org/news/2019/01/24/libya-displaced-population-cant-go-home
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#Libye : 48 000 habitants de #Tawergha ayant fui cette ville en 2011 ne peuvent toujours pas y retourner, en raison de la destruction généralisée et de l’insécurité. Il faut d’urgence les aider, conformément aux accords de réconciliation. https://t.co/wnA8dFFazT
— HRW en français (@hrw_fr) 24 janvier 2019
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— HRW en français (@hrw_fr) 24 janvier 2019
En Libye, le retour désenchanté de déplacés dans leur ville https://t.co/MpSeGdHwD9 via @yahooactufr
— Lisa : infosplanetaires.com (@Infosplanetair) 27 janvier 2019