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ONU : Les dirigeants mondiaux devraient s’exprimer en faveur des droits humains

Il faut contrer la rhétorique anti-droits des présidents Bolsonaro, Trump, al-Sissi et Erdogan

(New York, le 23 septembre 2019) – Les dirigeants mondiaux, qui se réunissent cette semaine à New York pour l’Assemblée générale des Nations Unies, devraient rejeter les politiques génératrices d’abus des autocrates populistes et promouvoir un meilleur respect des droits humains à travers le monde, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.

Session de l'Assemblée générale des Nations Unies, tenue au siège de l'ONU à New York, le 1er octobre 2018. © 2018 AP Photo/Richard Drew

Quatre chefs d’État qui se sont livrés à des offensives agressives contre les droits humains dans leurs pays respectifs et parfois à l’extérieur – les présidents brésilien Jaïr Bolsonaro, américain Donald Trump, égyptien Abdel Fattah al-Sissi et turc Recep Tayyip Erdogan – vont ouvrir le Débat général annuel au siège de l’ONU le 24 septembre 2019.

« L’avancée de l’autoritarisme est l’un des plus graves défis auxquels sont confrontés chaque jour les défenseurs des droits humains », a déclaré Kenneth Roth, directeur exécutif de Human Rights Watch. « Il est essentiel que les dirigeants mondiaux rejettent publiquement les arguments des quatre présidents qui vont ouvrir cette année l’Assemblée générale de l’ONU. »

Le président égyptien al-Sissi, que Trump aurait encensé comme étant son « dictateur préféré », réprime depuis six ans la liberté d’expression et d’autres droits fondamentaux. Parmi les caractéristiques de son régime, on distingue le recours massif à la force létale contre les participants à des manifestations, ainsi que l’usage généralisé et systématique de la torture dans les lieux de détention.

En Turquie, trois ans après une violente tentative de coup d’État en 2016, la présidence Erdogan a normalisé l’état d’urgence. Plus de 40 000 personnes sont en prison sur la base d’accusations de terrorisme, plus de 130 000 fonctionnaires ont subi des licenciements dont certains n’ont été ensuite annulés que dans de rare cas, de nombreux maires kurdes élus ont été limogés, et la Turquie est le pays qui emprisonne le plus grand nombre de journalistes dans le monde.

L'administration Trump a à plusieurs reprises décrié les droits humains, enhardissant ainsi les partisans de la suprématie de la race blanche et d’autres extrémistes à l’intérieur et les dirigeants abusifs à l’extérieur.

En ce qui concerne les changements climatiques, l’un des sujets de discussion les plus importants au programme de l’Assemblée générale cette année, le président brésilien Bolsonaro a pour ainsi dire donné à un feu vert aux réseaux criminels qui détruisent la forêt vierge d’Amazonie et intimident et attaquent ses défenseurs. De son côté, le président Trump a activement sapé les efforts visant à lutter contre les changements climatiques.

À la veille de l’ouverture du Débat général, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a organisé un sommet sur les changements climatiques afin de rallier les 193 États membres de l’Assemblée générale en vue de l’adoption de politiques qui soient de nature à protéger la planète et ses habitants. Le large intérêt suscité par ce Sommet de l’ONU sur l'action pour le climat représente un puissant message de rejet des approches de dirigeants comme Jair Bolsonaro et Donald Trump.

La liste de dirigeants responsables de pratiques abusives ne se limite pas aux premiers orateurs à l’Assemblée générale de l’ONU. Les dirigeants ou ministres d’autres pays ayant un bilan déplorable en matière de droits humains – notamment l’Arabie saoudite, la Chine, l’Iran, la Russie et le Venezuela – prendront également la parole lors de ce Débat général.

Durant cette période où de plus en plus de dirigeants manifestent une hostilité croissante envers les droits humains, le Secrétaire général Guterres ne devrait pas hésiter à utiliser le forum de l’Assemblée générale pour condamner publiquement des gouvernements particuliers pour certaines graves violations. Il devrait se saisir de cette occasion pour renforcer les normes internationales en matière de droits, non pas en prononçant des généralités, mais en adressant à des gouvernements abusifs particuliers de vigoureux messages publics selon lesquels les violations des droits ne seront pas tolérées. Pour leur part, les dirigeants respectueux des droits devraient dire clairement au Secrétaire général qu’ils attendent de lui qu’il soit un avocat actif des droits humains en dénonçant les violations commises par des gouvernements spécifiques, et non pas qu’il se contente d’émettre des déclarations générales sans aucun effet, a affirmé Human Rights Watch.

Condamner publiquement l’oppression massive par la Chine des Ouïghours et d’autres populations musulmanes d’ethnie turque de la région du Xinjiang et exhorter à la fermeture des camps d’« éducation politique » où plus d’un million de personnes sont détenues devrait être une priorité pour le Secrétaire général.

« Le seul moyen d’éviter que les dirigeants qui vont s’exprimer dès l’ouverture du Débat général et qui dénigrent fièrement les droits humains n’établissent la tonalité générale de l’ensemble de l’Assemblée générale cette année est que les dirigeants plus respectueux des principes expriment fortement leur soutien indéfectible aux principes des droits humains et aux libertés fondamentales », a affirmé Kenneth Roth.

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