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Toujours pas de justice, trois ans après un massacre en RD Congo

Au moins 66 manifestants avaient été tués mais aucun responsable de haut rang n’a été amené à rendre des comptes

Des personnes portent les cercueils de manifestants tués au cours des manifestations des 19 et 20 septembre, lors d'une cérémonie organisée au siège du parti d'opposition Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) à Kinshasa, en RD Congo, le 1er novembre 2016. © 2016 Reuters

Il y a trois ans, les forces de sécurité congolaises ont ouvert le feu sur des manifestants et en ont tué au moins 66, ébranlant Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo. Trois ans plus tard, rien n’a été accompli pour faire rendre des comptes aux responsables de haut rang impliqués dans ce massacre.

Les manifestations, qui se sont déroulées du 19 au 21 septembre 2016, visaient à protester contre le fait que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) s’était abstenue d’annoncer la tenue prochaine d’une élection présidentielle. Ce report faisait partie d’un effort, concerté et de longue haleine, de la part du président de l’époque, Joseph Kabila, pour se maintenir au pouvoir au-delà de la limite de deux mandats que lui imposait la constitution.

Lors des manifestations, des personnes ont été brûlées vives quand des éléments de la Garde républicaine, membres de la garde rapprochée du président, ont attaqué le siège du parti d’opposition. Les forces de sécurité ont emporté les cadavres de nombreuses victimes; certains ont été jetés dans le fleuve Congo et ont été retrouvés plus tard, échoués sur ses rives.

Un manifestant a affirmé à Human Rights Watch qu’il avait vu des militaires tirer de leur camion sur un groupe de manifestants pacifiques : « Lorsqu’ils sont passés en camion près d’un groupe de jeunes hommes assemblés, ils ont commencé à tirer. ‘Tu l’as atteint au cou mais il n’est pas mort’, a dit l’un des militaires. ‘Tire encore’, a répondu l’autre. »

Certains manifestants à Kinshasa sont devenus violents, tuant au moins quatre agents de police et un passant en les rouant de coups ou en leur infligeant des brûlures mortelles. Ils ont également incendié et pillé des postes de police, des bâtiments publics et des biens privés. Human Rights Watch a établi que des agents de police et des membres de ligues de jeunesse – que les responsables du parti au pouvoir et des agents des forces de sécurité avaient mobilisés – étaient aussi impliqués dans les violences et les pillages.

Plusieurs agents des forces de sécurité ont affirmé à Human Rights Watch que les officiers ayant donné leurs ordres aux unités des forces de sécurité sur le terrain étaient le général Gabriel Amisi et le général Ilunga Kampete. Ces agents ont également affirmé que le colonel Ferdinand Ilunga Luyolo, commandant de la Légion nationale d’intervention de la police congolaise (LENI), était l’homme qui donnait ses ordres aux troupes de la Garde républicaine déployées durant la répression des manifestations. Evariste Boshab, à l’époque ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, était officiellement responsable des services de sécurité. Aucun de ces hauts responsables n’a été traduit en justice.

« Mon fils … a été tué d’une balle dans la poitrine tirée à courte distance par un militaire congolais [le 20 septembre 2016] », nous a déclaré aujourd’hui le père de Jiresse, lequel avait alors 31 ans. « Je n’oublierai jamais cela. Les auteurs de cet acte injuste doivent être punis et l’État doit nous accorder réparation. »

Le président Félix Tshisekedi et son nouveau gouvernement devraient se tenir aux côtés des victimes et aider à ce que justice soit enfin rendue.

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