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Mauritanie : Un blogueur emprisonné depuis cinq ans pour « blasphème » a été libéré

Après le couloir de la mort et la détention arbitraire, l’exil

(Beyrouth) – Le 29 juillet 2019, les autorités mauritaniennes ont libéré un blogueur détenu depuis cinq ans et demi pour blasphème, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.

Le blogueur mauritanien Mohamed Cheikh Ould Mkhaitir. © 2016 Privé

Mohamed Cheikh Ould Mkhaitir a été libéré trois jours avant l'investiture du nouveau président, Mohamed Ould Ghezouani. Les autorités ont transféré Mohamed Mkhaitir directement de son lieu de détention vers un endroit situé hors de Mauritanie, sans doute parce que sa vie serait en danger dans son pays natal après que des personnalités religieuses et des manifestants ont réclamé son exécution.

« En libérant Mohamed Mkhaitir trois jours avant de quitter la présidence, Mohamed Ould Abdel Aziz a rectifié l'une des injustices les plus scandaleuses de son mandat de dix ans », a déclaré Lama Fakih, directrice par intérim de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Son successeur devrait donner la priorité à la dépénalisation du discours pacifique, à commencer par l'élimination de la peine capitale pour blasphème, afin qu'aucun Mauritanien ne subisse le même sort que Mohamed Mkhaitir. »

Les autorités ont arrêté Mohamed Mkhaitir en janvier 2014 pour avoir dénoncé ce qu'il a qualifié de détournement de l'Islam pour justifier la discrimination de caste en Mauritanie. Un tribunal de première instance l'a condamné à mort pour blasphème en décembre de la même année. En novembre 2017, une cour d'appel a réduit cette condamnation à deux ans de prison, peine que Mohamed Mkhaitir avait déjà purgée. Mais au lieu de le libérer, les autorités l'ont maintenu en isolement et en détention arbitraire pendant 21 mois supplémentaires.

Mohamed Mkhaitir est l'un des nombreux Mauritaniens condamnés ou persécutés pour avoir dénoncé la discrimination ethnique et de caste, ou encore les séquelles de l'esclavage dans le pays.

En mai 2018, six rapporteurs spéciaux des Nations Unies sur les droits humains ont demandé aux autorités mauritaniennes de libérer Mohamed Mkhaitir et d’assurer sa sécurité. En juin 2019, neuf rapporteurs spéciaux ont de nouveau demandé sa libération tout en exprimant leur inquiétude face à la détérioration de son état de santé en détention. Mohamed Mkhaitir souffrirait de douleurs physiques, de traumatismes psychologiques et d’un glaucome, selon sa famille.

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