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Il y a un an, dans la nuit du 3 au 4 mai 2018, la police de Kinshasa, en République démocratique du Congo, a traîné hors de leurs maisons quatre membres présumés de gangs, appelés kulunas, et les a tués par balles. Ils ont été les premiers morts de la dernière phase d’une campagne policière brutale, connue sous le nom d’Opération Likofi, dans laquelle les kulunas sont pris pour cibles dans la capitale.

Entre mai et septembre, les forces de sécurité ont exécuté sommairement au moins 27 jeunes hommes et garçons et en ont fait disparaître de force 7 autres, à Kinshasa. Des agents de police, souvent habillés en civil, se sont présentés la nuit à leur domicile ou dans d’autres lieux. Dans de nombreux cas, la police a ligoté les victimes et leur a bandé les yeux, les a conduites vers des lieux non identifiés et les a tuées. Souvent la police a abandonné les corps des victimes près de leur maison tôt le lendemain matin. La plupart des victimes ont été étranglées - dans une stratégie apparente des autorités visant à détourner l’attention de la police.

Les kulunas, qui sont responsables de crimes graves à Kinshasa, y compris de vols à main armée et d’agressions violentes, constituent un sérieux problème à Kinshasa depuis 2006. Mais l’Opération « Likofi IV » n’était que le dernier épisode d’une stratégie sécuritaire illégale et inefficace visant à s’occuper des gangs sous le président de l’époque, Joseph Kabila. Lors de la première Opération Likofi, menée de novembre 2013 à février 2014, la police a été impliquée dans l’exécution sommaire d’au moins 51 jeunes hommes et garçons et dans la disparition forcée de 33 autres.

Les forces de sécurité en République démocratique du Congo ont exécuté sommairement au moins 27 jeunes hommes et garçons et en ont fait disparaître de force 7 autres au cours d’une campagne anti-criminalité qui a démarré en mai 2018. Les noms des personnes sur les photos n’ont pas été divulgués pour des raisons de sécurité pour leurs familles. De haut en bas, de gauche à droite : 29 ans, tué par balle près du pont de Cabu le 4 mai ; 30 ans, disparu à Ngomba le 22 juin ; 19 ans, disparu à Mombele le 26 juin ; 28 ans, étranglé à Kauka le 15-16 septembre ; 24 ans, étranglé à Kauka le 15-16 septembre. Rangée du milieu : garçon de 16 ans, étranglé à Yolo Sud le 17-18 juin ; 27 ans, étranglé le 22 juin à Ngomba ; 19 ans, étranglé à Mombele le 26 juin ; 20 ans, étranglé à Yolo Sud le 17-18 juin. Rangée du bas : 22 ans, disparu à Kauka le 15 septembre ; 21 ans, étranglé à Kauka le 15-16 septembre ; 26 ans, étranglé à Ngomba le 22 juin ; 24 ans, étranglé à Yolo Nord le 16-17 juin. © 2018 Human Rights Watch

Human Rights Watch a appris qu’une enquête ouverte sur ces meurtres et disparitions forcées dans une commune, Kalamu, était au point mort à cause d’un manque de coopération de la part des autorités policières et des responsables gouvernementaux. Nous n’avons connaissance d’aucune autre enquête judiciaire dans les deux autres communes affectées, Kisenso et Limete.

« Ce qui me fait mal, c’est de ne pas savoir qui l’a tué et pourquoi ils l’ont tué », a déclaré une femme dont le fils, âgé de 27 ans, a été tué il y a un an. « Tout le monde dans le quartier sait que c’était dans le cadre de l’Opération Likofi, mais les tribunaux nous ont abandonnés. »

Le nouveau président de la RD Congo, Félix Tshisekedi, a promis que son gouvernement aurait pour priorité de faire rendre des comptes aux responsables qui commettent des abus. Il devrait agir afin de rendre justice aux membres des familles des victimes de l’opération.

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