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Le calvaire d’une femme émiratie qui cherche à échapper aux abus

Sa fuite met en lumière la situation fragile des droits des femmes aux EAU

Hind Albolooki © Hind Albolooki/Twitter

Hind Albolooki a fui les Émirats arabes unis après avoir été menacée par des membres de sa propre famille, qui s’opposaient à son souhait de divorcer de son mari violent.

« Je suis mère de quatre enfants », a-t-elle déclaré. « Aucune mère n’abandonnerait ses enfants dans une telle situation. Mais je devais les quitter. Je n’avais pas d’autre choix. » Sa décision est révélatrice de l’insuffisance de la protection des femmes aux Émirats arabes unis.

Hind a demandé l’asile en Macédoine du Nord, mais les autorités ont rendu une réponse défavorable. Désormais retenue dans un centre de détention pour immigrés, elle implore de ne pas être expulsée vers les Émirats, mais d’être plutôt autorisée à demander l’asile dans un pays tiers. La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a interdit son expulsion pendant l’examen de son dossier. Mais il reste à voir si les autorités macédoniennes la renverront aux Émirats ou se conformeront à la décision de la CEDH.

D’après la rhétorique émiratie sur les droits des femmes, il est difficile de comprendre pourquoi une femme comme Hind pense que, pour quitter un mari violent, elle n’aurait pas d’autre recours que de fuir son pays. À en croire Ahmed Almulla, chef de mission adjoint à l’ambassade des Émirats arabes unis à Rome, « [L]es violences domestiques sont un crime grave et n’ont pas leur place aux Émirats arabes unis ; les lois […] protègent et autonomisent pleinement les Émiraties. »

Mais ces mots sonnent creux. Les lois des EAU discriminent contre les femmes de multiples façons et ne les protègent pas de la violence. Les lois relatives au statut personnel refusent aux femmes le droit de prendre des décisions autonomes au sujet du mariage. Pour qu’une femme émiratie puisse se marier, son « tuteur » doit signer son contrat de mariage. Une fois mariée, elle doit « obéir » à son mari. Une femme peut être considérée comme désobéissante si elle travaille sans avoir obtenu le consentement préalable de son époux. Elle peut perdre son droit à un soutien financier si elle refuse d’avoir des relations sexuelles avec son mari en l’absence d’excuse légitime. Si une femme décide de divorcer, elle doit demander une ordonnance du tribunal tandis que les hommes peuvent divorcer unilatéralement de leur femme.

Bien que le Code pénal émirati ne permette plus explicitement à un homme de battre ou punir sa femme, suite à une modification apportée en 2016, il n'existe toujours pas de loi spécifique sur la violence domestique qui n’est pas qualifiée de crime. De même, le viol conjugal n'est pas considéré comme un crime aux Émirats arabes unis.

Si les autorités émiraties s’engageaient vraiment à mettre un terme à la violence et à la discrimination à l’égard des femmes, dans le droit comme en pratique, des citoyennes comme Hind pourraient ne plus avoir le sentiment que leur seul choix est de fuir à l’étranger, laissant derrière elles enfants et proches.

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Correction

Une version précédente de cette tribune indiquait à tort qu’en vertu du Code pénal des Émirats arabes unis, un mari avait le droit de battre sa femme ou de la punir d’une autre manière. Toutefois, à la suite d’amendements apportés en 2016, le Code pénal émirati ne le permet plus de manière explicite.

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