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Ukraine : Recul du respect des droits humains à l’approche des élections

Peu de mesures ont été prises en 2018 contre les violences motivées par la haine et les détracteurs du gouvernement ont été de plus en plus menacés

L’activiste ukrainien anti-corruption Vitaliy Shabunin.  © 2016 Privé

(Kiev) – Il y a eu davantage d’attaques contre les activistes et les détracteurs du gouvernement en 2018 en Ukraine, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui dans son Rapport mondial 2019.

Le gouvernement ukrainien n’a pas fait grand-chose pour prévenir ou punir ces agressions, ni pour juguler les violences croissantes à l’encontre de communautés minoritaires comme les Roms ou les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT). Il a continué à restreindre la liberté d’expression et d’information ainsi que celle des médias, en invoquant pour se justifier la nécessité de contrer l’agression militaire de la Russie dans l’est de l’Ukraine et la propagande anti-ukrainienne.

« LUkraine a subi un recul de la protection des droits humains en 2018 », a déclaré Rachel Denber, directrice adjointe de la division Europe et Asie centrale de Human Rights Watch. « Alors que le pays se prépare aux élections, les électeurs devraient se demander sils attendent de leur gouvernement et représentants élus qu’ils protègent et favorisent les droits de tous, et réfléchir aux dangers que représente la molle réaction du gouvernement face aux violences des nationalistes. »

Rapport mondial (ANG) complet >> Rapport mondial (FRA) abrégé >>
Dans la 29e édition de son Rapport mondial annuel (version intégrale en anglais 674 pages – version abrégée en français 233 pages), Human Rights Watch examine les pratiques en matière de droits humains dans plus de 100 pays au cours de l’année 2018. Kenneth Roth, le directeur exécutif, affirme dans son essai introductif que les populistes qui répandent la haine et l'intolérance dans de nombreux pays sont confrontés à une résistance croissante. De nouvelles alliances de gouvernements respectueux des droits, souvent inspirées et rejointes par des organisations de la société civile et par le public, sont en train d’accroître le prix à payer pour les abus commis par des dirigeants autocratiques. Le succès de leurs démarches illustre la possibilité de défendre les droits humains – voire la responsabilité de le faire –, y compris aux heures les plus sombres.

Des membres des groupes qui prônent la haine et la discrimination envers les minorités, y compris envers les Roms et les personnes LGBT, sont responsables de dizaines d’agressions violentes, de menaces et d’intimidations commises dans plusieurs villes ukrainiennes en 2018. Dans la plupart des cas, les policiers ont échoué à réagir ou enquêter de manière efficace. Un des rares procès découlant de ces agressions s’est ouvert en octobre avec la comparution de personnes accusées d’avoir attaqué un campement rom à Lviv, tuant un homme et en blessant plusieurs autres.

De nombreuses agressions et attaques ont également été commises contre des activistes communautaires, notamment ceux qui luttent contre la corruption ou défendent les droits humains – autant d’actes qui n'ont pas fait l’objet d’enquêtes efficaces de la part des autorités. En novembre, Kateryna Handzyuk, une activiste anticorruption, est décédée de ses blessures après avoir été victime d’une attaque à l’acide en juillet.

Une loi de 2017 exigeant que les activistes et journalistes qui enquêtent sur la corruption déclarent publiquement leurs biens personnels était toujours en vigueur, malgré les promesses répétées du président Petro Poroshenko d’abroger la loi. De nombreux activistes ont refusé de s’y plier.

Le Service de sécurité d’Ukraine (SBU) a continué à nier avoir placé 18 civils en détention prolongée dans sa prison secrète de Kharkiv entre 2014 et 2016.

En Crimée, occupée par la Russie, les autorités russes ont persécuté les Tatars de Crimée qui critiquaient ouvertement l’occupation, les inculpant de terrorisme et d’incitation criminelle. Les autorités ont également harcelé des Tatars de Crimée, fouillant leurs domiciles, parfois arrêtant des habitants pour les interroger.

En décembre, un tribunal a condamné un avocat défendant les droits humains, Emil Kurbedinov, à cinq jours de prison pour avoir republié sur les médias sociaux une vidéo sur l’organisation islamiste Hizb ut-Tahrir. Parmi les clients de Kurbedinov, on trouve notamment des Tatars de Crimée et d’autres personnes inculpées d’incitation pour des motifs politiques. Il avait republié la vidéo en 2013, avant l’occupation de la Crimée par la Russie. Hizb ut-Tahrir est interdite en Russie en tant qu’organisation terroriste, mais ne l’est pas en Ukraine.

Le conflit armé qui existe dans l’est de l’Ukraine entre les forces de l’État ukrainien et les groupes armés soutenus par la Russie est entré dans sa cinquième année. Les tirs d’obus de part et d’autre de la ligne de front entre les deux camps, ou à proximité, endommagent des habitations et infrastructures civiles et mettent la vie de civils en danger. Le gouvernement ukrainien opère une discrimination à l’égard des habitants des régions de Donetsk et de Luhansk, contrôlées par les groupes armés soutenus par la Russie, puisqu’il exige d’eux qu’ils s’enregistrent comme personnes déplacées à l’intérieur du pays afin de percevoir leurs retraites et autres droits.

Fin novembre, le gouvernement a instauré la loi martiale pendant 30 jours dans les dix régions d’Ukraine frontalières de la Russie. Cette mesure a été prise  suite à des affrontements entre les forces armées des deux pays en mer d’Azov. Les forces russes avaient attaqué trois navires de la marine ukrainienne près du détroit de Kertch, affirmant qu’ils étaient entrés illégalement dans des eaux sous contrôle russe, et avaient capturé 24 marins ukrainiens. La loi martiale a été levée après ces 30 jours.

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