Plus de deux ans se sont écoulés depuis la disparition de Jean Bigirimana, un journaliste burundais du journal Iwacu. L’incertitude concernant son sort continue d’envoyer un message effrayant à de nombreuses personnes au Burundi et met en évidence l’impunité entourant les disparitions et autres violations graves.
Des informations non confirmées indiquent que des membres des services de renseignement ont arrêté Jean Bigirimana le 22 juillet 2016, à Bugarama, à 40 kilomètres de la capitale, Bujumbura. Au début du mois d’août 2016, deux cadavres en état de décomposition ont été trouvés dans la rivière Mubarazi, dans la province de Muramvya, non loin de Bugarama. L’un était décapité et l’autre était lesté de grosses pierres.
À cette époque, Willy Nyamitwe, un haut conseiller du président, a tweeté que le gouvernement était profondément préoccupé par la « mystérieuse disparition » de Jean Bigirimana et menait une enquête. Pourtant, lorsque les deux corps ont été découverts, aucune autopsie ni aucun test ADN n’ont été effectués et les corps ont été enterrés avant d’être identifiés. Deux ans plus tard, les paroles de Willy Nyamitwe sonnent creux.
Pour Antoine Kaburahe, collègue de Jean Bigirimana à Iwacu, il n’y a plus aucun doute. « Nous pouvons oser écrire que Jean n’est plus de ce monde », a écrit Antoine Kaburahe cette semaine. « Ils l’ont tué. »
La disparition de Jean Bigirimana et son possible assassinat s’inscrivent dans une tendance qui est devenue bien trop typique au Burundi. Le mois dernier, une Commission d’enquête des Nations Unies sur les crimes commis au Burundi depuis 2015 a indiqué que « des exécutions extrajudiciaires, des disparitions forcées, des actes de torture et autres mauvais traitements cruels, inhumains ou dégradants » continuent. La commission a également noté que plusieurs personnes disparues n’ont pas été retrouvées et que des corps non identifiés continuent d’être découverts dans divers endroits du pays, « [faisant] craindre » que les services de renseignement et la police continuent d’arrêter les gens, qu’ils tuent plus tard avant de se débarrasser des cadavres.
Avec les découvertes de corps non identifiés à travers le pays, il est douteux que le gouvernement lance une enquête indépendante sur la disparition de Jean Bigirimana. Mais où certains voient du désespoir, Kaburahe voit de l’inspiration. Il a écrit que Jean Bigirimana continue à vivre à travers ses collègues qui refusent de se taire ou d’oublier, et qui honoreront sa mémoire en poursuivant leur travail. Ceux qui ont pris la vie de Jean Bigirimana ont voulu faire passer un message, mais ses collègues ne seront pas découragés.