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Un an après sa disparition, on est toujours sans nouvelles de Jean Bigirimana

Il faut ouvrir une enquête crédible sur le sort du journaliste burundais

Il y a un peu plus d’un an, Jean Bigirimana, membre de la rédaction du journal indépendant Iwacu, disparaissait au Burundi. On est toujours sans nouvelles de lui.

Jean Bigirimana.  © 2016 Iwacu

« Une fois de plus … nous posons inlassablement la question : ‘Où est Jean ?’ », a écrit un collègue de Bigirimana, Antoine Kaburahe, dans Iwacu la semaine dernière. « Dans notre culture, il est interdit de pleurer lorsqu’on n’est pas sûr du sort de votre proche ... Nous aimerions savoir la vérité pour qu’on laisse enfin nos larmes couler, notre colère trop longtemps contenue, sortir. »

Ce père de deux enfants âgé de 37 ans a disparu peu après avoir quitté son domicile à Bujumbura, la capitale, le 22 juillet 2016, pour se rendre à Bugarama, une ville située à une quarantaine de kilomètres. Selon des informations qui n’ont pas été confirmées, il aurait été arrêté à Bugarama par des membres des services de renseignement du Burundi.

Alors que les jours passaient sans nouvelles de Jean Bigirimana, sa famille, ses amis et ses collègues à Iwacu ont commencé à se demander s’il n’était pas mort. Au début du mois d’août 2016, deux cadavres en état de décomposition ont été trouvés dans la rivière Mubarazi, dans la province de Muramvya, non loin de Bugarama. L’un était décapité et l’autre était lesté de grosses pierres. Certaines personnes ont supposé que l’un de ces deux cadavres pourrait être celui de Bigirimana, mais les autorités locales les ont enterrés avant de déterminer leurs identités et ont refusé d’effectuer un test d’ADN.

De nombreux autres Burundais ont disparu depuis avril 2015, quand a débuté la crise que traverse actuellement le pays. Et de nombreux autres cadavres ont été retrouvés, tandis que les autorités ne faisaient aucun effort pour identifier les victimes ou pour enquêter sur les circonstances de leur mort.

Parallèlement, les responsables burundais ont refusé de coopérer avec une commission d’enquête créée par les Nations Unies, déniant à ses membres l’autorisation d’entrer dans le pays. En juin 2017, cette commission a souligné la « persistance des violations graves des droits de l’homme » au Burundi, qui, a-t-elle dit, se produisent « dans un climat de peur généralisé. »

Les collègues de Bigirimana, sa famille, ses amis et les familles des autres victimes de disparitions forcées au Burundi sont fondés à réclamer que des enquêtes complètes, indépendantes et promptes soient ouvertes sur ce qui s’est passé et, si un crime a été commis, que ses responsables soient traduits en justice. Ils ne méritent rien de moins.

Comme l’a écrit Kaburahe : « Jean vit. À travers ses deux enfants et l’amour que lui porte toujours son épouse … À travers notre engagement de continuer le devoir qui était le sien : informer … [Et] à travers notre refus de nous taire, d’oublier. »

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