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Syrie : Les déplacements dans le nord-est aggravent la crise humanitaire

Les parties au conflit doivent garantir le droit des civils à un abri, à la nourriture, aux soins de santé et aux biens essentiels

Des personnes déplacées ayant fui la région d'Alep marchaient dans une rue de Tabqa, dans le nord-est de la Syrie, le 4 décembre 2024.  © 2024 Orhan Qereman/Reuters

(Beyrouth, le 11 décembre 2024) – Des dizaines de milliers de civils en quête de sécurité dans le nord-est de la Syrie, région sous contrôle kurde, sont confrontés à des conditions désastreuses en raison du manque d’abris, d’eau, de nourriture et de soins de santé adéquats, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Toutes les parties au conflit en Syrie ont l’obligation de garantir l’accès à l’aide humanitaire, la circulation dans des condition sûres des civils en fuite, et la protection de ceux qui choisissent de rester dans leurs villes et villages.

Le 27 novembre, une coalition de groupes armés comprenant Hayat Tahrir Al-Cham (HTC) et l’Armée nationale syrienne (ANS), un groupe rebelle, a lancé des opérations militaires contre l’ancien gouvernement de Bachar el-Assad. Cherchant à se mettre à l’abri des factions de l’ANS qui s’emparent de territoires dans tout le gouvernorat d’Alep, plus de 100 000 personnes ont fui vers des zones gouvernées par l’Administration autonome du nord-est de la Syrie (AANES), dirigée par des autorités kurdes. Cette situation aggrave une crise déjà aiguë de longue date, avec des camps surpeuplés et des infrastructures gravement endommagées, et caractérisée par un manque d’eau, d’électricité, de soins de santé, de nourriture et d’abris adaptés aux conditions climatiques.

« Dans le contexte des événements extraordinaires qui se déroulent en Syrie, les combats intenses, ainsi que la crainte de représailles et de violences de la part de groupes armés, ont provoqué le déplacement de milliers de civils vers des zones non préparées pour un tel afflux de personnes », a déclaré Adam Coogle, directeur adjoint de la division Moyen-Orient à Human Rights Watch. « Étant donné l’ampleur de la crise, seul un effort international concerté pour apporter un soutien aux autorités locales et aux agences humanitaires opérant dans la région peut permettre d’éviter une catastrophe humanitaire. »

Des groupes armés dirigés par HTC sont en train de mettre en place un gouvernement de transition qui contrôle la majorité du territoire syrien, y compris la capitale, Damas, où siègent les institutions de l’État, ainsi que la région côtière. Les hostilités se poursuivent toutefois à Deir Ezzor, à Manbij (gouvernorat d’Alep) et à Kobané, provoquant le déplacement de populations principalement kurdes, mais aussi arabes et d’autres communautés. En même temps, des factions de l’Armée nationale syrienne, groupe rebelle soutenu par la Turquie, combattent les Forces démocratiques syriennes (FDS), la branche armée de l’administration kurde soutenue par les États-Unis. L’armée de l’air turque a mené des frappes contre des positions des FDS.

Human Rights Watch a mené des entretiens avec cinq personnes qui ont fui ou dont les proches ont été contraints de fuir leurs domiciles et de chercher refuge dans les villes de Tabqa, Raqqah et al-Hasakah, ainsi qu’avec deux journalistes basés à al-Hasakah et à Alep. Deux personnes, un Kurde et un Arabe chiite, ont déclaré craindre les attaques et les abus commis par les combattants de l’ANS, et trois personnes ont affirmé avoir été insultées aux points de contrôle. Elles ont déclaré connaître des personnes qui avaient été agressées ou dont les téléphones avaient été confisqués. Deux personnes ont exprimé leur crainte de l’avancée des groupes armés HTC et ANS.

L’ANS, soutenue par la Turquie, a un bilan preoccupant en matière de droits humains. Human Rights Watch a constaté que des factions de l’ANS et d’autres groupes, notamment des membres des forces armées et des services de renseignements turcs, ont enlevé, arrêté et détenu illégalement des personnes, y compris des enfants ; commis des violences sexuelles et des actes de torture en toute impunité ; et se sont livrés à des actes de pillage, des vols de terres et de logements, et à des actes d’extorsion.

Suite du communiqué en anglais.

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