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Oyub Titiev stands in front of a portrait of his murdered colleague, Natalia Estemirova, in Memorial's Grozny office, Grozny, Chechnya, Russia.

Sauver Memorial

Le directeur du bureau de Memorial en Tchétchénie, dans le sud de la Russie Oyub Titiyev, photographié en 2011 dans son bureau à Grozny. Un portrait de Natalia Estemirova, sa collègue assassinée en 2009, est visible derrière lui. © 2011 Maria Chichtchenkova

 

 

Traduction abrégée d’une tribune de Tanya Lokshina (version intégrale en anglais).

Le 9 janvier 2018, la police tchétchène a arrêté Oyub Titiyev, un défenseur des droits humains âgé de 60 ans qui est le directeur de Memorial en Tchétchénie.

La police l’a accusé de possession illégale d'une grande quantité de drogues.

Selon le rapport de police, un sac en plastique contenant 180 grammes de marijuana aurait été trouvé dans la voiture d’Oyub Titiyev. Le 11 janvier, il a été formellement inculpé et placé en détention préventive. Le 16 janvier, il a remis à son avocat une lettre adressée au président russe Vladimir Poutine, affirmant son innocence et soulignant qu’en cas de futur aveu, cela signifierait seulement qu'il a été forcé à avouer sous la torture.

Cela fait 15 ans que je connais Oyub, un musulman pratiquant qui ne consomme pas de drogue et est un adepte de conditionnement physique. Dans d’autres cas dans le passé, des personnes ayant critiqué le gouvernement tchétchène ont Les autorités tchétchènes ont dans le passé ont été visées par des accusations liées à la drogue et forgées de toutes pièces.

Oyub Titiyev est puni pour avoir osé mener des activités de défense des droits humains en Tchétchénie, une enclave quasi-totalitaire dans le sud de la Russie, où le dirigeant local Ramzan Kadyrov – soutenu par le Kremlin – a éradiqué toute forme de dissidence en exerçant une répression brutale.

Le 26 décembre 2017, le bras droit de Kadyrov, Magomed Daudov, a décrit les défenseurs des droits humains comme des ennemis publics. Le 17 janvier 2018, neuf jours après l'arrestation d'Oyub Titiyev, Ramzan Kadyrov a exprimé sa colère contre les défenseurs des droits humains : « Ils n'ont aucun sentiment patriotique, ethnique ou religieux ... Ils essayent de salir notre Tchétchénie, de nous provoquer ... Eh bien, nous allons briser la colonne vertébrale de nos ennemis. »

L'arrestation d'Oyub est clairement une tentative de forcer Memorial, la seule organisation de défense des droits humains qui continue d’exposer les disparitions forcées, les exécutions extrajudiciaires et d'autres abus flagrants commis en Tchétchénie avec la bénédiction tacite de Moscou, à fermer son bureau local.

Le 17 janvier, des incendiaires masqués ont mis le feu au bureau de Memorial en Ingouchie, une république voisine de la Tchétchénie dans le sud de la Russie. Cinq jours plus tard, quelqu'un a incendié la voiture d'un des chauffeurs de Memorial. Quelques heures plus tard, un message SMS menaçant a été envoyé à un téléphone portable de Memorial : « Vous marchez au bord de l'abîme. Cessez vos activités ! La prochaine fois, nous allons brûler votre bureau, avec vous à l'intérieur. La voiture n’était qu’un avertissement. »

Oyub Titiev a poursuivi le travail de Natalya Estemirova, une courageuse défenseure des droits humains qui a mené des recherches pour Memorial en Tchétchénie jusqu'à son assassinat brutal le 15 juillet 2009.

Nous n'avons pas pu sauver Natasha mais nous pouvons encore sauver Oyub, et nous pouvons sauver Mémorial. Il suffirait pour cela que le président russe prenne son téléphone et ordonne à son protégé à Grozny de laisser Oyub et son organisation tranquilles.

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Mars 2018 :

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