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Des policiers tchétchènes ont enlevé une femme en guise de représailles contre ses fils

Les autorités russes devraient immédiatement exiger la libération de Zarema Mussaeva

Zarema Mussaeva. © 2021 Privé

Alors que tous les regards sont actuellement tournés vers les tensions croissantes entre le Kremlin et l'OTAN, les autorités tchétchènes semblent enhardies dans leur recours à des tactiques illégales dans leur guerre contre toute forme de dissidence.

Le 20 janvier, des policiers tchétchènes ont fait irruption dans l'appartement de Zarema Mussaeva, âgée de 59 ans, dans la région de Nizhny Novgorod en Russie. Ils ont brutalement poussé des membres de sa famille et son avocat, qui se trouvaient alors dans l'appartement qu'elle partage avec son mari Saidi Yangulbaev, un ex-juge fédéral en Tchétchénie, et leur ont donné des coups de pied. L'avocat a indiqué que Zarema Mussaeva s'est évanouie et que les agents l'ont alors « traînée dans l'escalier », alors qu’elle ne portait qu’une robe à mince étoffe et des pantoufles. Il a ajouté que Zarema Mussaeva souffre d’un diabète insulino-dépendant, mais qu’elle n’a même pas pu saisir sa carte d’identité ni ses médicaments.

La police de Nizhny Novgorod a refusé d'intervenir, et les ravisseurs de Zarema Mussaeva l'ont apparemment emmenée en Tchétchénie.

Les agents ont affirmé que Zarema Mussaeva devait être interrogée dans le cadre d'une enquête sur une fraude. Mais la véritable cible de son enlèvement est son fils, Ibraghim Yangulbaev, qui vit à l'étranger et qui, selon les autorités tchétchènes, joue un rôle clé dans la chaîne Telegram 1ADAT qui est critique a l’égard du gouvernement tchétchène.

Ce n'est pas la première fois que les autorités tchétchènes ciblent des personnes prétendument affiliées à 1ADAT. En octobre 2021, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a jugé que la Russie était responsable de l'enlèvement et de la torture en 2020 de Salman Tepsurkayev, 19 ans, l'un des modérateurs de 1ADAT. Une vidéo horrifiante, diffusée sur les réseaux sociaux russes, le montrait nu et contraint de s’assoir sur une bouteille en verre. On est toujours sans nouvelles à son sujet, ou même du lieu où il se trouve.

Le mois dernier, les forces de l'ordre tchétchènes ont perquisitionné le domicile d’Abubakar Yangulbaev, le fils aîné de Zarema Mussaeva, et l'ont interrogé pendant plusieurs heures. Cet interrogatoire portait sur les activités de son frère Ibraghim, sur 1ADAT et son propre travail en tant qu’avocat au Comité contre la torture (CAT), une organisation russe qui travaille sur des cas de violations flagrantes des droits humains dans le Caucase du Nord.

À peu près à la même époque, la police tchétchène a aussi détenu arbitrairement des dizaines de proches d'autres personnes critiques a l’égard du gouvernement tchétchène et vivant basés à l'étranger, les ont détenus pendant plusieurs jours et les ont soumis à des mauvais traitements.  Les autorités ont désigné Abubakar Yangulbaev comme témoin dans une vague affaire pénale de « justification du terrorisme », ce qui l'a incité à démissionner immédiatement du CAT en raison des risques croissants pour lui-même et pour l'organisation.

Le porte-parole du Kremlin, semblant nier que la police tchétchène ait enlevé Mussaeva, a déclaré que le récit de son enlèvement paraissait « fictif ». Pendant trop longtemps, Moscou a ignoré les abus commis par les forces de l'ordre sous le contrôle des dirigeants tchétchènes. La vie et la santé de Mussaeva sont en danger. Moscou devrait immédiatement exiger que les autorités tchétchènes la libèrent et veillent à ce qu'elle puisse rejoindre sa famille en toute sécurité dans la région de Nizhny Novgorod. Mettre fin à ces tactiques abusives et illégales relève de la responsabilité de Moscou.

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