(Erbil, le 22 mars 2017) – Les combattants de l’État islamique (EI) ont exécuté de très nombreuses personnes – probablement des centaines de détenus – et enseveli leurs corps dans une fosse commune près de Mossoul, en Irak, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch.
Plusieurs témoins ont déclaré à Human Rights Watch que les corps des personnes tuées, parmi lesquelles figuraient de nombreux membres des forces de sécurité irakiennes, avaient été jetés dans une doline – un trou d'eau géant situé dans la localité de Khafsa, à environ huit kilomètres au sud-ouest de Mossoul. Des résidents locaux ont indiqué qu'avant de fuir cette zone à la mi-février, les combattants de l’EI ont éparpillé des engins explosifs improvisées – soit des mines terrestres artisanales – sur le site.
« Ce charnier est un symbole grotesque des méthodes cruelle et dépravées de l’État islamique, et représente un crime d'une ampleur monumentale », a déclaré Lama Fakih, directrice adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Les mines terrestres posées dans la fosse commune sont aussi une preuve claire de la volonté de l'EI d’infliger un maximum de souffrance aux Irakiens. »
Les autorités irakiennes devraient d’urgence établir un périmètre de sécurité autour du site et clairement signaler sa localisation, afin de protéger la fosse commune ainsi que les habitants de cette zone, jusqu'à ce que des opérations de déminage puissent avoir lieu, selon Human Rights Watch. Des habitants ont signalé la présence d’eau au fond de cette fosse, ce qui risque de rendre la tâche d’exhumer les corps encore plus difficile. Le processus d’exhumation – dans la mesure où celle-ci peut être effectuée – devrait être mené de manière conforme aux normes internationales. Les autorités devraient transformer le site en mémorial et aider les familles des victimes dans leur quête de justice suite à ces exécutions.
Parmi les dizaines de charniers de l’EI découverts en Irak et en Syrie à ce jour, celui-ci pourrait contenir le plus grand nombre de corps de victimes, a déclaré Human Rights Watch. Bien qu'il ne soit pas possible de déterminer précisément le nombre de personnes exécutées à Khafsa, il pourrait s’agir de milliers de victimes selon les estimations des résidents, basées sur le nombre d’exécutions dont ils ont été témoins et sur les affirmations de combattants de l'EI dans cette région.
Le meurtre de civils commis dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique « dans la poursuite de la politique d’un État ou d’une organisation ayant pour but une telle attaque » constitue un crime contre l'humanité, a rappelé Human Rights Watch. Le meurtre délibéré – « homicide intentionnel » – de civils et de prisonniers civils ou militaires pendant un conflit armé constitue un crime de guerre.
Communiqué intégral en anglais :
https://www.hrw.org/news/2017/03/22/iraq-isis-dumped-hundreds-mass-grave
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