(New York, le 1er décembre 2016) - La coalition russo-syrienne a commis des crimes de guerre au cours d'une campagne de frappes aériennes menée en septembre et en octobre 2016 contre des quartiers de la vielle syrienne d’Alep contrôlés par l'opposition, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.
Selon le Centre de documentation des violations, une organisation civile syrienne, cette campagne de bombardements a tué plus de 440 civils, dont plus de 90 enfants. Les frappes aériennes semblent avoir souvent été menées sans discernement, ont délibérément pris pour cible au moins un centre médical et ont parfois recouru à des armes indiscriminées telles que les bombes à sous-munitions et les armes incendiaires. Des images satellite analysées par Human Rights Watch ont révélé plus de 950 nouveaux sites d'impact distincts, qui semblent correspondre à l’explosion de larges bombes à travers la zone examinée, durant cette période.
« De manière prévisible, l’utilisation d’une telle puissance de feu dans une zone urbaine habitée par des dizaines – voire des centaines – de milliers de civils a tué des centaines d’entre eux », a déclaré Ole Solvang, directeur adjoint de la division Urgences chez Human Rights Watch. « Les personnes ayant ordonné et mené ces attaques illégales devraient être traduits en justice pour crimes de guerre. »
Une coalition mondiale de 223 organisations non gouvernementales a appelé les Etats membres de l'ONU à demander la tenue d’une session extraordinaire d'urgence de l'Assemblée générale des Nations Unies pour exiger la cessation de toutes les attaques illégales contre des civils à Alep et ailleurs en Syrie, ainsi que la garantie d’un accès immédiat et sans entrave permettant l’acheminement d’aide humanitaire vitale à toute personne en ayant besoin. Les Etats membres devraient également examiner les voies possibles qui permettraient de traduire en justice les auteurs de crimes graves relevant du droit international, selon les organisations.
Cet appel fait suite au veto opposé le 8 octobre par la Russie à un projet de résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies exigeant la cessation des bombardements aériens menés contre Alep. Il s’agissait de la 5e fois que Moscou a bloqué une action du Conseil depuis le début du conflit en Syrie en 2011. C'était aussi la première fois que la Chine n’a pas fait usage de son propre droit de veto, et s'est abstenue de voter.
Les attaques délibérées ou imprudentes contre des civils et des objets civils, y compris des hôpitaux, commis avec intention criminelle, constituent des crimes de guerre. Les lois de la guerre exigent que les parties à un conflit prennent constamment soin au cours des opérations militaires d’épargner la population civile et de « prendre toutes les précautions pratiquement possibles » afin d’éviter ou de minimiser la perte accidentelle de vies civiles et les dommages aux biens de caractère civil (art. 57). Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a déclaré au Conseil de sécurité le 28 septembre que les individus qui recourent à Alep à des armes employées sans discrimination « savent qu'ils commettent des crimes de guerre ».
À ce jour, 73 pays de diverses régions du monde ont approuvé une initiative du Canada exhortant l'Assemblée générale de l’ONU à agir. La coalition de 223 membres de la société civile a appelé tous les États membres de l'ONU à adhérer à cette initiative.
« L’inaction ne peut pas être une option », a conclu la coalition. « L’Histoire jugera sévèrement ceux qui ne se seront pas montrés à la hauteur de cette situation. »
Déclaration de la coalition de 223 ONG :
www.hrw.org/fr/news/2016/12/01/sunir-pour-la-paix-en-syrie-appel-mondial-de-la-societe-civile-aux-etats-membres-de
Communiqué intégral en anglais :
www.hrw.org/news/2016/12/01/russia/syria-war-crimes-month-bombing-aleppo
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