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Défendre les droits humains dans les projets de développement

Un appel mondial à garantir le rôle des communautés locales dans les projets financés par les banques de développement

(Washington, le 14 juillet 2016) – Les banques de développement devraient respecter les droits humains dans leurs investissements dans le monde entier et s’assurer que leurs activités ne mettent pas en danger les défenseurs des droits humains, a déclaré aujourd’hui la Coalition pour les droits humains dans le développement, dans une requête conjointe signée par 154 organisations œuvrant dans le domaine du développement, des droits humains et de l’environnement.

Les principales banques de développement ont souligné depuis longtemps l’importance de la participation du public pour un développement efficace, ont indiqué les organisations. Mais un nombre croissant de gouvernements ont réduit l’espace pour une participation sans danger et efficace aux processus de développement en pénalisant les activités menées par des défenseurs de la terre, de l’environnement et des droits humains, et en adoptant des restrictions imposées aux organisations non gouvernementales.

« J’espère que la société civile aura la possibilité de contribuer à un développement durable », a déclaré « Abhijeet », un membre d’une communauté indigène au Népal qui ne veut pas que son identité soit divulguée pour des raisons de sécurité. « Malheureusement, les droits humains fondamentaux de nombreux peuples sont violés systématiquement du fait de projets de développement. Et lorsque nous aidons les communautés à défendre leurs droits, nous faisons l’objet de menaces et de violentes attaques. »

Un jeune garçon cueille du coton en Ouzbékistan en septembre 2011. On estime que le gouvernement oblige entre 1,5 et 2 millions d'enfants à participer à la récolte annuelle du coton dans ce pays. © 2011 Uzbek-German Forum for Human Rights


La requête de la Coalition est adressée aux institutions financières internationales (IFI), notamment la Banque mondiale, les Banques africaine, asiatique et européenne de développement, et la Banque interaméricaine de développement, ainsi qu’aux institutions les plus récentes, la Banque asiatique d’investissement, et la Nouvelle banque de développement des BRICS.

En mars 2016, Berta Cáceres, une défenseure reconnue des droits à la terre des peuples autochtones et de l’environnement au Honduras, a été tuée en pleine nuit tandis qu’elle dormait dans son lit. Deux des personnes mises en accusation pour le meurtre de Berta Cáceres, étaient des employés d’une entreprise impliquée dans la construction du barrage d’Agua Zarca, un projet auquel Berta Cáceres et son organisation, le Conseil civique d’organisations indigènes et populaires du Honduras (COPINH), se sont longtemps opposés et contre lequel ils ont fait campagne. Le meurtre a provoqué un mouvement médiatisé pour réclamer des comptes aux banques hollandaise, finlandaise et centraméricaine finançant Agua Zarca pour avoir omis de garantir que leurs investissements ne contribuaient pas à des violations des droits humains.

Mais comme de récents rapports l’ont montré, le cas de Berta Cáceres n’est pas unique.

« En Ouzbékistan, la Banque mondiale déverse de l’argent dans des projets qui bénéficient au secteur cotonnier gouvernemental dans lequel règnent les abus, en particulier le travail forcé systématique », a déclaré Dmitry Tikhonov, un défenseur ouzbèke des droits humains qui est en exil à la suite de représailles de la part du gouvernement. « La Banque mondiale n’a pris aucune mesure significative pour assurer que des défenseurs indépendants des droits humains tels que moi puissent surveiller les abus liés aux projets qu’elle finance. Le personnel de la Banque n’a pas non plus pris position publiquement au sujet des attaques du gouvernement contre mes collègues et moi-même. »

Human Rights Watch a récemment documenté de nombreux abus commis à l’encontre de personnes et de communautés touchées par des projets financés par la Banque mondiale et sa filiale chargée des prêts aux entreprises, la Société financière internationale.

« Ceux qui tentent de s’impliquer dans les processus de développement ont subi des menaces, du harcèlement, des agressions ou pire », a déclaré Jessica Evans, responsable de plaidoyer senior sur les institutions financières internationales à Human Rights Watch. « Les banques de développement ont une responsabilité de s’assurer que leurs investissements n’entravent pas les droits humains, et que les personnes  peuvent participer ou exprimer leurs opinions sur les projets de développement sans avoir à craindre pour leur sécurité. »

Des manifestants tiennent une banderole avec l’image de la militante écologiste hondurienne Berta Caceres lors d’un événement à San Jose (Costa Rica) marquant la Journée internationale de la femme le 8 mars 2016, cinq jours après le meurtre de cette activiste. © 2016 Reuters


La déclaration conjointe – Responsabilité des institutions financières internationales de garantir une participation efficace et significative au sein de leurs investissements – décrit comment les institutions devraient « s’assurer que les activités qu’elles financent respectent les droits humains, qu’il existe des espaces permettant la participation du public au développement des projets des IFI, et que les personnes puissent réclamer des comptes aux IFI sans courir de risques pour leur sécurité. » Les organisations appellent les institutions  financières « à soutenir activement la réalisation des droits à la liberté d’expression, de réunion et d’association, et les droits humains liés, notamment les droits économiques, sociaux et culturels, dans toutes leurs activités. »

« Les banques de développement et leurs États membres ne peuvent espérer parvenir à un développement durable ni à éliminer la pauvreté si leurs investissements contribuent à des violations des droits humains ou si les personnes qui sont censées bénéficier du développement se retrouvent confrontées à des abus », a déclaré Adam Shapiro, directeur de communications et de visibilité pour Front Line Defenders. « Les banques devrait assumer la responsabilité des résultats de leurs investissements et entreprendre des actions significatives pour protéger les défenseurs des droits humains sur le terrain. »

La Coalition pour les droits humains dans le développement est une coalition mondiale de mouvements sociaux, d’organisations de la société civile et de groupes communautaires qui veille à ce que tous les organismes de financement du développement assurent le respect, la protection et la réalisation des droits humains.

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Autre lien :


Informations et témoignages sur les défenseurs des droits humains : www.rightsindevelopment.org/hrd

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