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Chine : Stopper la dégradation de la situation des droits humains

De sévères atteintes aux libertés d'expression, de culte et d'association en 2015

(New York, le 27 janvier 2016) – Au nom de la sécurité nationale, le gouvernement chinois a intensifié la répression contre les défenseurs des droits humains et multiplié les abus de pouvoir dans la sphère de la police et de l'État, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui dans son Rapport mondial 2016 (version abrégée en français). Depuis l'accession au pouvoir du président Xi Jinping en mars 2013, son gouvernement s'est montré de plus en plus hostile envers les mouvements de contestation pacifique, les libertés d'expression et de religion, et l'État de droit.

« Le président Xi Jinping a promis d'éradiquer la corruption, de maintenir la croissance économique et de favoriser l'État de droit en Chine », a déclaré Sophie Richardson, directrice de recherches sur la Chine à Human Rights Watch. « Pourtant son 'rêve pour la Chine' est un cauchemar pour les militants des droits humains qui, sous le coup de lois orwelliennes, sont détenus pour des durées indéterminées, sont torturés et ont très peu de possibilités de recours. La passivité de la communauté internationale ne fait qu’aggraver leur triste sort.»

En 2015, de hauts responsables chinois ont imposé un durcissement idéologique, accusant des « forces étrangères » de provoquer une agitation sociale dans le pays tout en réaffirmant la suprématie du Parti communiste. Le gouvernement a mis en œuvre de nombreuses mesures pour couper court à la libre expression sur Internet, dans les établissements d'enseignement supérieur, dans les médias traditionnels et au sein du parti. Dans l'optique de restreindre « l'influence étrangère » et la liberté de culte, le gouvernement a mené une campagne très médiatisée visant à démolir des églises ou à détruire des croix se trouvant à l'intérieur, dans la province de Zhejiang, région où le christianisme est fortement ancré.

Le gouvernement chinois a proposé ou adopté un certain nombre de nouvelles lois qui dénoncent l'activisme public et l'opposition pacifique au régime en les qualifiant de menaces pour la sécurité de l'État. Par ailleurs, ces lois intensifient la censure, la surveillance et le contrôle des personnes et des groupes sociaux, et visent à intimider les militants des droits humains. Il s'agit notamment de la loi sur la sécurité de l'État, adoptée le 1er juillet 2015, du projet de loi sur la lutte contre le terrorisme, du projet de loi relatif à la cybersécurité et du projet de loi sur la supervision des ONG étrangères.

Depuis l'accession au pouvoir du président Xi Jinping, les autorités ont arrêté et poursuivi en justice des centaines de défenseurs des droits humains. Entre mars et avril 2015, la police a arrêté et détenu cinq militantes des droits des femmes au motif qu'elles comptaient protester publiquement contre le harcèlement sexuel, à l'occasion de la Journée internationale de la femme. Suite à leur libération sous caution, toutes les cinq ont  été surveillées et harcelées. Entre juillet et septembre, dans le cadre d'une démarche à l'échelle nationale, les autorités ont soumis à des interrogatoires environ 280 avocats, piliers du militantisme des droits humains dans le pays. Près d'une quarantaine d'avocats originaires de Pékin dont Wang Yu, Li Heping et Wang Quanzhang,  se trouvent toujours en détention ou sont victimes de disparition forcée, et exposés à un risque de torture. Le gouvernement n'a communiqué aucune information quant à l'endroit où ils pourraient se trouver.

L'attention portée par la communauté internationale au problème du non-respect des droits humains en Chine a été malheureusement insuffisante, a déclaré Human Rights Watch. À l'exception du projet de loi sur la supervision des ONG étrangères, unanimement condamné par la communauté internationale, la plupart des gouvernements se sont bornés à émettre des déclarations occasionnelles sur des cas particuliers et se sont contentés de participer à des dialogues bilatéraux à huis clos, dont la portée est limitée en termes de défense des droits humains. Les autorités chinoises n'ont pas suffisamment coopéré à l’examen effectué par le Comité contre la torture de l'ONU, qui a qualifié de« profondément ancrées » les pratiques de mauvais traitements subies par les personnes suspectées.

« Malgré les risques démesurés qu'ils prennent, des citoyens chinois à travers le pays continuent à réclamer un système judiciaire équitable, l'accès à l'information et la possibilité d'obtenir que leurs dirigeants rendent compte de leurs actes », a déclaré Sophie Richardson. « Ceux qui militent courageusement pour les droits humains construisent l'avenir de la Chine et méritent un soutien international bien plus conséquent. »

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