Human Rights Watch remercie l’Experte Indépendante pour sa mise à jour et la Haut Commissaire aux Droits de l’Homme pour son rapport.
Des milliers de civils se trouvent dans un cruel besoin de protection et d’assistance immédiates en République centrafricaine, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Un an après le coup d’État de la coalition rebelle de la Séléka, les efforts internationaux pour s’attaquer à la crise demeurent tragiquement insuffisants. Il existe en particulier une nécessité urgente de mettre fin à l’impunité pour les exactions en cours et de faire en sorte que des comptes soient rendus pour les crimes commis par toutes les parties.
Le coup d’État de la Séléka l’année dernière a semé la terreur et la désolation, suscitant une réaction violente et abusive de la part des milices anti-balaka, et les deux factions continuent de mettre en danger les populations en République centrafricaine. La réponse amplifiée de la communauté internationale depuis décembre 2013 n’a pas été capable de faire face à la crise, notamment en ce qui concerne le besoin de protection des civils et l’aide apportée aux milliers de personnes déplacées.
La Séléka a commis des massacres dans de nombreux villages, a incendié et pillé des maisons, recruté des enfants comme soldats, violé des femmes et tué probablement des milliers d’habitants. Les attaques ont causé une crise humanitaire massive, contraignant la population à vivre sans logement, alimentation et soins de santé adéquats.
En représailles pour les exactions commises par la Séléka, un groupe de combattants, chrétiens et animistes pour la plupart, et connus comme les anti-balaka [anti-machette], ont commencé en août 2013 à attaquer la Séléka et à prendre pour cible les civils musulmans censés soutenir la coalition rebelle. En décembre, les anti-balaka ont mené une attaque de grande ampleur contre Bangui, la capitale, obligeant la Séléka à battre en retraite et à se regrouper.
L’Union africaine (UA) et la France ont déployé un nombre croissant de troupes de maintien de la paix pour stabiliser la République centrafricaine, mais les forces de maintien de la paix n’ont pas réussi à stopper la spirale de la violence. Le 10 février 2014, l’Union européenne a accepté de fournir des troupes afin de contribuer aux efforts internationaux pour protéger les populations les plus en danger, mais ces troupes n’ont toujours pas été déployées en République centrafricaine. Une force de maintien de la paix des Nations Unies à part entière devrait être autorisée et déployée de toute urgence, selon Human Rights Watch.
Jusqu’à ce que cette force soit déployée sur le terrain, la force de maintien de la paix de l’UA, connue sous le nom de MISCA, et la force française Sangaris doivent prendre des mesures supplémentaires immédiates pour assurer une plus grande sécurité, notamment en patrouillant activement dans les zones vulnérables à la violence, en particulier celles où restent des populations musulmanes minoritaires. À la suite de l’effondrement de la Séléka, des milliers d’habitants musulmans ont fui pour se réfugier dans les pays voisins, tels que le Tchad, le Cameroun et la République démocratique du Congo.
Pour conclure, il reste encore d’énormes lacunes dans la sécurité la plus élémentaire apportée aux populations de la République centrafricaine. Des milliers de personnes dont la vie reste en danger imminent dépendent du déploiement urgent de troupes supplémentaires de maintien de la paix et d’une protection élargie de la part des troupes qui sont déjà sur le terrain.