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Le gouvernement français devrait s’engager publiquement à faire respecter les droits des travailleurs puis à garantir activement ce respect lors de la construction et de l’entretien de la succursale du Louvre prévue à Abou Dhabi, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.

En février 2007, Human Rights Watch a envoyé des courriers privés à l’attention du gouvernement français et du Musée du Louvre pour faire part de ses inquiétudes quant à l’exploitation des travailleurs immigrés aux Émirats Arabes Unis (EAU), en soulignant les obligations légales en matière de respect des droits des travailleurs dans le pays. Ces courriers n’ont à ce jour reçu aucune réponse.

D’après certaines informations, Abou Dhabi devrait payer près de 1,3 milliard de dollars à la France pour utiliser le nom du Louvre, ses œuvres d’art et son expertise. L’ouverture du Louvre d’Abou Dhabi est prévue pour 2012. Ce sera la première succursale du Louvre située en dehors de la France, et elle fera partie d’un domaine culturel qui se composera de trois autres musées, dont une succursale du Guggenheim.

« Le gouvernement français doit s’assurer que la réputation du plus grand musée de France ne soit pas ternie par des violations des droits du travail dans la première succursale du Louvre à l’étranger », a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice pour le Moyen-Orient à Human Rights Watch. « Le Ministère français de la Culture doit s’engager publiquement et prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher l’exploitation des travailleurs immigrés au Louvre d’Abou Dhabi. »

Dans un rapport paru en novembre 2006, Human Rights Watch faisait état d’abus accablants à l’encontre d’ouvriers du bâtiment immigrés aux Émirats Arabes Unis.

Ils endurent des conditions de travail dangereuses et des années d’endettement auprès des agences de recrutement pour des frais qui d’après le législation des EAU devraient être payés par les employeurs. Les employeurs retiennent régulièrement leurs salaires et confisquent leurs passeports. Human Rights Watch a constaté que les agences gouvernementales des EAU ne tiennent pas les employeurs pour responsables de ces violations fréquentes de la loi, contribuant ainsi au climat d’impunité qui fait perdurer ces abus. A cela s’ajoute le fait que les EAU ne protègent pas les travailleurs en ce qui concerne leurs droits à s’organiser, à négocier collectivement et à faire grève.

En février, Human Rights Watch a fait part de ses inquiétudes dans des courriers privés adressés au président directeur général du Louvre, Henri Loyrette, et à l’ancien ministre de la culture, Renaud Donnedieu de Vabres. A ce jour, Human Rights Watch n’a reçu aucune réponse.

Plus spécifiquement, Human Rights Watch encourage vivement le Louvre à exiger de ses partenaires des EAU qu’ils ne retiennent pas les salaires de travailleurs, qu’ils ne confisquent pas les passeports, qu’ils collectent des informations et émettent des rapports publics sur toute blessure ou mort liée au travail, et qu’ils interdisent aux employeurs de prélever illégalement des frais d’embauche, de voyage et de visa auprès des travailleurs. Le Louvre devrait mettre sur pied un comité de surveillance indépendant et transparent chargé de contrôler les pratiques de travail au Louvre d’Abou Dhabi. De plus, le gouvernement français devrait s’assurer que le Louvre et ses partenaires des EAU adoptent ces mesures importantes en matière de droit du travail. La France devrait également exhorter les autorités des EAU, par ailleurs membres de l’Organisation internationale du travail, à garantir aux travailleurs le droit de négocier collectivement, de former des syndicats et de faire grève.

« Le gouvernement français doit montrer l’exemple à d’autres institutions culturelles ayant des projets aux EAU, et ce, en faisant respecter les droits des travailleurs », a ajouté Whitson.

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