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Les autorités kenyanes menacent actuellement de rapatrier des centaines de réfugiés éthiopiens et somaliens rassemblés lors d'une vaste opération de police à Nairobi, le 30 mai 2002. S'ils sont renvoyés, beaucoup d'entre eux pourraient être confrontés à des arrestations arbitraires, des actes de torture et d'autres graves abus, dans leur pays d'origine.

"Le gouvernement kenyan ne doit pas remettre des gens aux mains de leurs bourreaux," a déclaré Alison Parker, Fellow sur les questions de politique en matière de réfugiés à Human Rights Watch. "Le droit international relatif aux réfugiés interdit de renvoyer des gens d'un pays donné sans leur offrir la possibilité d'une audition valable pour déterminer s'ils seront soumis à des persécutions, une fois rentrés chez eux," a déclaré Parker.

Les Somaliens et Ethiopiens sont susceptibles d'être confrontés à des tortures et des persécutions s'ils sont renvoyés dans leurs pays respectifs. Au cours d'une enquête à Nairobi en avril 2002, Human Rights Watch a interrogé vingt-trois Ethiopiens qui avaient déclaré avoir fui leur pays après avoir été torturés en détention. Les Somaliens courent les risques liés à la guerre civile dans leur pays. Au cours de la semaine dernière, des réfugiés somaliens ont fui la région Mandera, en Somalie suite à la reprise des combats là-bas.

Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR) n'a pas été autorisé à accéder librement au groupe de personnes détenues au poste de police de Kasarani, à Nairobi afin d'établir si certaines d'entre elles sont des réfugiés.

Ceci n'est pas la première fois que le gouvernement kenyan montre le peu de cas qu'il fait des obligations qui sont les siennes selon le droit international relatif aux réfugiés. Au cours de son enquête d'avril 2002, Human Rights Watch a recueilli des informations sur de nombreux exemples dans lesquels des réfugiés ou des demandeurs d'asile, vivant à Nairobi, ont été rapatriés de force après avoir été arrêtés par la police.

Conséquence de ces vastes opérations de police, le gouvernement kenyan détient également, au poste de police de Gigiri, près de Nairobi, cent quarante cinq réfugiés en possession de papiers. La majorité d'entre eux appartient au groupe ethnique éthiopien des Oromos et un tiers sont des enfants. Le gouvernement prévoit d'affecter ces réfugiés dans des camps situés dans le lointain nord est du pays.

Human Rights Watch s'inquiète du fait que ce processus de déplacement pourrait séparer des enfants, dont beaucoup sont détenus sans leurs parents, de leur famille. Ce mouvement pourrait aussi priver les victimes de torture et d'autres personnes de soins médicaux spécialisés uniquement disponibles à Nairobi.

Les cent quarante cinq réfugiés ont été accusés de ne pas s'être enregistrés auprès du gouvernement kenyan, une violation d'un article de loi mis en application pour la première fois. Cependant, aucun réfugié n'est en mesure de respecter de tels statuts parce que depuis 1991, il n'existe aucun service gouvernemental d'enregistrement des réfugiés. Avant 1991, le gouvernement kenyan déterminait lui-même le statut des réfugiés et procédait à leur enregistrement. Cependant, avec l'arrivée, en 1991, d'un nombre important de réfugiés en provenance de Somalie et du Soudan, le gouvernement a transmis au HCR la question du traitement des réfugiés. Les étrangers, y compris les réfugiés, sont souvent accusés d'être responsables des crimes et de l'insécurité et font à ce titre les frais d'arrestations arbitraires et de détentions au Kenya. De telles opérations policières s'étaient également produites en septembre 1998, lorsque des réfugiés avaient dû remettre leur "lettre de protection" provenant du HCR, sans recevoir en échange d'autres papiers d'identité. Plus récemment, des arrestations collectives de trente à cent étrangers ont eu lieu en octobre 2001 et deux fois en février 2002. Les individus ressortissants d'un autre pays que le Kenya sont quotidiennement harcelés et arrêtés dans les grandes villes, en particulier à Nairobi.

Human Rights Watch a appelé le gouvernement kenyan à évaluer correctement le statut des détenus avant d'ordonner leur rapatriement, à mettre en place des politiques d'immigration respectueuses des droits humains internationaux, du droit international relatif aux réfugiés et du droit kenyan et de mettre un terme au harcèlement policier contre les réfugiés et les demandeurs d'asile.

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