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Rebecca Masika Katsuva. © Fiona Lloyd-Davies

Cette semaine, la République démocratique du Congo a perdu une héroïne. Rebecca Masika Katsuva, militante des droits des femmes qui a consacré sa vie à aider les victimes de viol dans l’est de ce pays, est décédée subitement le 2 février.

Masika avait un grand cœur et un courage extraordinaire. Elle-même avait été violée – à plusieurs reprises – et avait été témoin des terribles violences infligées à son époux et à ses enfants. Elle avait pourtant réussi à transformer sa peine et sa souffrance en action. Sa maison de Buganga, dans la province du Sud-Kivu, était devenue un centre d’assistance aux autres victimes de violence sexuelle et aux enfants nés d’un viol. Au fil des ans, Mama Masika, comme elle était surnommée, a contribué à sauver des milliers de vies.

C’est en 2009, alors que je recueillais des informations sur les massacres et les viols massifs perpétrés dans l’est de la RD Congo, que j’ai rencontré Masika pour la première fois. J’ai été profondément touchée par sa bravoure. Lorsqu’elle apprenait qu’une attaque avait été menée par des groupes armés, Masika se rendait à cet endroit, souvent à pied, pour voir si elle pouvait porter secours aux femmes et aux filles qui avaient été violées. Si les victimes étaient trop grièvement blessées pour marcher, elle les portait sur son dos jusqu’à un hôpital ou jusqu’à son centre. Un jour, les combattants d’un groupe armé l’ont violée pour la punir d’avoir tenté de sauver d’autres femmes.

Grâce à son incessant travail de médiation familiale et dans les communautés, de nombreuses victimes – au départ rejetées par leurs maris et leurs familles en raison de la honte associée au viol – ont pu retourner chez elles. D’autres vivent encore au centre ou à proximité, faisant partie de la famille élargie et sans cesse croissante de Masika.

L’impact de Masika sur ces femmes et ces filles s’est révélé profond. De nombreuses victimes que j’ai rencontrées au cours des années m’ont confié que si elles étaient parvenues à surmonter leur terrible épreuve, c’est parce que Masika leur avait donné espoir.

Masika est décédée de complications liées à la malaria quelques mois avant de fêter ses 50 ans. Lorsque j’ai appris la nouvelle de son décès, le monde m’est soudain apparu plus sombre. Toutefois, Masika laisse derrière elle un héritage exceptionnel. Grâce à elle, les milliers de femmes et de filles dont elle a marqué la vie sauront qu’elles sont aimées, valorisées, autonomes, quelles que soient les souffrances qu’elles ont vécues.

Ma vie aussi s’est trouvée enrichie par le fait de l’avoir connue. Repose en paix, chère Masika.
 

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