Depuis plus de deux ans, un conflit horrible fait rage au Soudan.
Les deux principaux belligérants, les Forces de soutien rapide (RSF) et les Forces armées soudanaises (FAS), ont commis de terribles violations à l'encontre des civils. La liste des atrocités continue de s’allonger jour après jour.
Les RSF et les milices qui leur sont alliées ont procédé à des meurtres délibérés et généralisés de civils, parmi lesquels beaucoup ont été ciblés en raison de leur appartenance ethnique. Les RSF se sont également livrées à des violences sexuelles généralisées, notamment des viols collectifs, et à des pillages. Elles ont également détruit des villes et des villages, souvent en les incendiant. Elles ont aussi massivement pillé l'aide humanitaire.
De leur côté, les FAS ont illégalement tué des civils. Elles ont délibérément et à plusieurs reprises empêché l'aide humanitaire d'atteindre ceux qui en avaient besoin. Les FAS ont également mené des frappes aériennes visant des infrastructures civiles, notamment des hôpitaux.
Les dernières recherches de Human Rights Watch décrivent en détail les frappes aériennes menées par les FAS dans la région du Darfour-Sud en février. Elles ont tué des dizaines de civils dans des attaques avec des bombes larguées sur les quartiers résidentiels et commerciaux de la ville de Nyala. Ces frappes s'inscrivaient dans le cadre d'une offensive militaire plus large de bombardements aériens sur Nyala, centre névralgique des RSF.
HRW a constaté que ces attaques étaient indiscriminées, car les bombes utilisées étaient non guidées et avaient un rayon d'impact très large ainsi qu’une précision limitée. Dans les zones peuplées, elles ne peuvent, dans la plupart des cas, être dirigées vers une cible militaire spécifique. Le fait de mener délibérément ou de manière irresponsable des attaques indiscriminées constitue un crime de guerre.
Ces nouvelles atrocités viennent s'ajouter à la liste déjà longue de ce qui se passe au Soudan. Personne ne peut espérer les documenter toutes.
Cependant, leurs effets catastrophiques peuvent être mis en évidence à l'aide de quelques chiffres à l'échelle nationale.
Outre les dizaines de milliers de personnes maltraitées et tuées, la reprise du conflit a contraint plus de 12 millions de personnes à fuir leur foyer. Environ un tiers d'entre elles a fui vers les pays voisins. Les millions de personnes qui restent font du Soudan la plus grande crise de déplacement interne au monde.
Quelque 25 millions de personnes, soit environ la moitié de la population soudanaise, dépend désormais de l'aide alimentaire d'urgence. Deux millions d'entre elles pourraient être menacées de famine dans les mois à venir.
L'attaque meurtrière perpétrée la semaine dernière contre un convoi humanitaire de l'ONU dans le nord du Darfour rappelle que les deux parties belligérantes entravent les efforts humanitaires sans se soucier des millions de personnes qui ont désespérément besoin d'aide.
Les civils continuent de payer le prix fort de cette guerre dévastatrice qui dure depuis deux ans au Soudan.
Les autres pays doivent prendre des mesures concertées pour protéger les civils. Ils peuvent le faire en soutenant les enquêtes internationales en cours sur les atrocités commises au Soudan et en sanctionnant les auteurs individuels responsables de violations graves.