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Au Mali, le retour à la démocratie subit un nouveau coup dur

La junte militaire maintient le dirigeant du coup d’État à la présidence et dissout tous les partis politiques

Des personnes protestant contre la décision de la junte d'interdire les partis politiques au Palais de la Culture de Bamako, au Mali, le 3 mai 2025. © 2025 Privé

C’est un nouveau coup dur pour la démocratie au Mali. Le 30 avril 2025, le Conseil des ministres malien a de fait interdit tous les partis politiques. La veille, une conférence nationale organisée par la junte militaire avait recommandé que le général Assimi Goïta reste président jusqu’en 2030, et que tous les partis politiques soient dissous. 
 

Assimi Goïta, qui a pris le pouvoir lors d'un coup d'État en 2021, a promis à plusieurs reprises d'organiser des élections, mais n'a cessé d'imposer des délais, essentiellement techniques, pour bloquer le rétablissement d'un régime civil. 
 

L'opposition a réagi en appelant à un rassemblement général le 3 mai au Palais de la Culture de Bamako, la capitale. Cependant, la police a empêché les participants d'entrer à l’intérieur, ce qui a conduit les membres de l'opposition à tenir le rassemblement à l'extérieur, tandis que des centaines de personnes manifestaient contre la junte. À la fin du rassemblement, plus de 80 partis politiques et deux organisations de la société civile ont publié deux communiqués distincts appelant au retour à un régime civil avant le 31 décembre 2025, à l'élaboration d'un calendrier pour le retour à l'ordre constitutionnel et à la libération des prisonniers politiques. 

 

« Le rapport de force a changé », m’a confié Ismaël Sacko, président du Parti social-démocrate africain (PSDA), un parti d’opposition. « Les gens ne veulent plus de l'armée. Ils veulent des élections et un régime démocratique. » 

 

Depuis le coup d'État, la junte malienne a mené un assaut incessant contre l'opposition politique, les organisations de la société civile, les médias et la dissidence pacifique, réduisant de plus en plus l'espace civique et politique du pays. Les autorités avaient déjà dissous plusieurs organisations politiques et de la société civile, fait disparaître de force des personnalités politiques et des lanceurs d'alerte, arrêté arbitrairement des journalistes et des opposants politiques et contraint de nombreux citoyens à l'exil. 

 

Les actions de la junte visant à élever unilatéralement Assimi Goïta et à dissoudre tous les partis politiques devraient être pleinement reconnues comme un coup de force visant à éviter une transition vers un véritable régime civil, et à refuser aux Maliens le droit de choisir leurs dirigeants dans le cadre d'élections crédibles, libres et équitables. 

 

Les partenaires régionaux et internationaux du Mali ont le choix. Ils peuvent soit ne rien faire pendant que la démocratie malienne s'éteint, soit envoyer un message fort indiquant qu'il y aura de sérieuses conséquences politiques, économiques et diplomatiques si la junte ne change pas de cap. 

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