Au Mali, la décision du ministre de l’Administration territoriale de dissoudre une association étudiante n’est que la dernière en date d’une série d’actions gouvernementales visant à réprimer la liberté d’association.
Le ministre a déclaré que l’Association des Élèves et Étudiants du Mali (AEEM) était responsable de « violences et affrontements » dans le milieu scolaire et universitaire et qu’en 2017 et 2018, les forces de sécurité avaient arrêté certains de ses membres qui avaient été retrouvés en possession d’armes, de stupéfiants et d’importantes sommes d’argent injustifiées.
L’AEEM est la quatrième organisation à être dissoute en moins de quatre mois. Le 6 mars, les autorités ont dissous la Coordination des Mouvements, Associations et Sympathisants de l’Imam Mahmoud Dicko, qui appelait à des élections présidentielles dans le cadre d’un retour à un régime démocratique civil, l’accusant de constituer un organe de « déstabilisation » et une « menace pour la sécurité publique ». Le 28 février, les autorités ont dissous l’organisation politique Kaoural Renouveau, invoquant des « propos diffamatoires et subversifs » à propos de la junte militaire. Et le 20 décembre, les autorités ont dissous l’Observatoire pour les élections et la bonne gouvernance, une organisation de la société civile qui évaluait la conduite des élections, accusant son président d’avoir énoncé des « déclarations de nature à troubler l’ordre public ».
Depuis le coup d’État militaire de 2021, la junte malienne a durcit sa répression contre la dissidence pacifique, l’opposition politique et les médias, réduisant ainsi l’espace civique du pays. Le 4 mars, les autorités ont fait disparaître de force le colonel de gendarmerie Alpha Yaya Sangaré, qui a récemment publié un livre sur les exactions commises par les forces armées maliennes.
La Commission nationale des droits de l’homme du Mali a récemment publié une déclaration exprimant ses préoccupations quant aux « menaces sérieuses pesant sur l’exercice de certains droits civiques et politiques, notamment la liberté d’association. Elle s’indigne contre la tendance systémique de dissolution et/ou de suspension de partis politiques et/ou d’associations. » Le porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, Seif Magango, a fait part de préoccupations similaires cette semaine.
Alors que cela fera bientôt trois ans que le Mali est dirigé par un gouvernement non élu, un espace civique et politique libre et sûr au sein duquel les gens peuvent s’organiser, exprimer leurs opinions et manifester est plus nécessaire que jamais. Les autorités devraient immédiatement rétablir les organisations dissoutes et s’engager à préserver les libertés et droits fondamentaux.
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