Les gouvernements avancent des dizaines d’excuses pour ne pas répondre comme ils le devraient aux violations des droits humains, alors qu'ils y sont souvent légalement tenus.
Vous entendrez parfois leurs dirigeants nier simplement les preuves : « cela ne s'est jamais produit » ou « ce n'était pas nous ». Bien sûr. Et toutes les vidéos, images satellites et témoignages ?
Il arrive aussi qu’ils s'en prennent au messager : « vous et votre organisation êtes des chiens impérialistes » ou « vous êtes des agents à la solde de nos ennemis ». Un classique.
Une autre mauvaise excuse que les gouvernements répressifs donnent parfois pour justifier leur bilan épouvantable en matière de droits humains est du type : « donnez-nous plus de temps ».
L'argument ressemble plus ou moins à ceci : nous sommes un nouveau gouvernement, ou un nouveau pays, ou nous avons un nouveau système politique. Nous sommes jeunes et encore en phase d’apprentissage. Nous venons de sortir d'une terrible dictature et vous ne pouvez pas vous attendre à ce que nous soyons immédiatement une démocratie accomplie qui respecte toujours les droits humains comme en Europe occidentale.
C'est un argument que j'ai entendu assez souvent venant de responsables gouvernementaux et de partisans de gouvernements en Europe de l'Est et en Asie centrale il y a 25-30 ans. L’idée était que ces pays, nouvellement indépendants après l’effondrement de l’Union soviétique, étaient en « transition » lente vers une démocratie à l’européenne.
L'argument est erroné à bien des égards.
Tout d'abord, il repose sur la fausse idée qu'il existe des « stades de développement » établis que les gouvernements traversent comme un joueur dans le jeu vidéo Civilization. La démocratie et le respect des droits humains seraient censés représenter l’aboutissement inévitable, mais un pays devrait d’abord passer par d’autres étapes, comme l’autocratie.
C'est une notion assez douteuse en soi, mais l'idée que les démocraties d'Europe occidentale étaient le modèle et le but ultime la rend encore plus problématique.
La référence à l'Europe occidentale - qui est la comparaison que j'ai entendu le plus souvent dans les années 1990 - suggérait que ces pays n'avaient pas de problèmes de droits humains. C'était pourtant le cas à l'époque et, comme le sait tout lecteur de cette newsletter, c'est toujours le cas aujourd'hui.
Enfin, l'idée que les démocraties ne régressent jamais est absurde. Il suffit de regarder autour de nous aujourd'hui pour voir des horreurs en matière de droits humains dans des pays qui se targuaient autrefois d'être des « démocraties ». Le recul des droits fondamentaux est malheureusement évident.
L'argument « donnez-nous plus de temps » ne fonctionne à aucun niveau.
Voici la réalité : les pays dont les gouvernements ont signé des accords internationaux pour protéger les droits humains universels - universels, et non d'Europe occidentale - se sont engagés à les faire respecter.
Nouveau pays, ancien pays, pays en transition, peu importe. Arrêtez de chercher des excuses et efforcez-vous plutôt de tenir vos promesses.