Les chiffres effrayants ne vous surprendront peut-être pas, mais le moment où ils ont été publiés pourrait vous étonner.
Près de 250 personnes, dont 60 enfants, ont été tuées par des mines terrestres et d'autres explosifs liés à la guerre en Syrie. Près de 400 personnes ont été blessées.
Ces chiffres concernent les victimes des derniers mois seulement, depuis la chute du régime d'Assad en décembre.
Le pays et le reste du monde ont peut-être poussé un soupir de soulagement à l'annonce de la fin de la guerre civile qui a ravagé la Syrie pendant 14 ans. Cependant, les morts liées au conflit ne s'arrêtent pas lorsque les combats cessent.
En fait, le nombre de victimes des mines terrestres et des restes explosifs de guerre a considérablement augmenté en Syrie depuis décembre. L'une des raisons principales : les mouvements de population sont plus importants. En effet, de nombreuses personnes déplacées par la guerre peuvent enfin regagner leur foyer.
Mais le pays est encore largement contaminé par les mines terrestres et d’autres armes utilisées par toutes les parties pendant la guerre. Avant décembre dernier, ces mines tuaient et blessaient fréquemment des civils.
Aujourd'hui, avec davantage de zones accessibles depuis l'effondrement du gouvernement Assad, les gens découvrent davantage de terrains contaminés par des mines terrestres et des restes explosifs.
Parfois, les gens ignorent le danger qui se trouve sous leurs pieds jusqu'à ce qu'il soit trop tard. D'autres fois, ils voient quelque chose d'intriguant sur le sol, s’en approchent, voire tentent de le ramasser, sans se douter de la charge mortelle qu'il contient.
Le nouveau gouvernement de transition syrien doit faire de cette question une priorité urgente, comme le souligne un nouveau rapport de HRW. Les autorités doivent veiller à ce que les zones suspectes soient inspectées puis débarrassées des mines terrestres et des restes explosifs de guerre. Les donateurs internationaux et les organisations d'experts peuvent et devraient apporter leur aide.
La sensibilisation du public est également essentielle. Les victimes et les témoins que HRW a interrogés en Syrie nous ont dit qu'ils n'avaient reçu aucune information sur les dangers des armes non explosées dans leur région.
De plus, il n'existe pas encore de système national pour signaler anonymement la contamination par des explosifs. Ainsi, même lorsque des informations sont disponibles localement, elles ne sont pas diffusées plus largement.
Il faudra des années pour inspecter toutes les zones suspectes en Syrie, puis déminer les terrains et éliminer les autres restes explosifs de guerre. C'est un travail lent et difficile. Pensez-y : la Bosnie-Herzégovine est encore aujourd'hui confrontée au problème des mines terrestres héritées de la guerre du début des années 1990.
Alors que ces chantiers laborieux se déploient en Syrie, le gouvernement de transition devrait également inonder tous les canaux d'information possibles - de la télévision aux réseaux sociaux en passant par les affiches sur les murs – pour avertir sur les dangers et les moyens de signaler tout ce qui semble suspect.
Les mines terrestres et les restes explosifs de guerre peuvent tuer et mutiler des personnes pendant longtemps. Sensibiliser le public à ce sujet n'y mettra pas complètement fin, mais cela peut contribuer à réduire le nombre de victimes.