(Washington, le 18 mars 2025) – L’administration Trump devrait, dans le cadre des discussions avec le président russe, Vladimir Poutine, accorder la priorité à la libération des civils ukrainiens détenus et des Russes injustement emprisonnés pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression et de religion, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch dans une lettre adressée au président des États-Unis, Donald Trump.
« Toute discussion sur la fin de la guerre en Ukraine devrait inclure la libération des civils détenus et l’ouverture de voies pour assurer la justice concernant les crimes de guerre », a déclaré Sarah Yager, directrice de Human Rights Watch à Washington. « Malheureusement, rien n'indique jusqu’à présent que les violations en cours seront à l’ordre du jour. »
Il est prévu que Trump et Poutine s'entretiennent par téléphone le 18 mars 2025, à la suite d'une rencontre entre l'envoyé spécial américain Steve Witkoff et Poutine le 14 mars, et d'une réunion entre des responsables américains et ukrainiens à Djeddah le 11 mars.
Dans sa lettre, Human Rights Watch exhorte Trump à faire de la libération immédiate et inconditionnelle de tous les civils ukrainiens détenus par la Russie une priorité et le point de départ de toute négociation concernant l'Ukraine. Tout accord devrait également inclure la justice pour les crimes graves commis par les autorités russes, notamment la torture de civils détenus et de prisonniers de guerre, les exécutions sommaires, le transfert forcé ou la déportation de civils, y compris d'enfants, ainsi que les bombardements et les tirs d'artillerie indiscriminés contre des civils et des infrastructures civiles.
Trump devrait également exiger du gouvernement russe qu'il mette fin aux violations du droit international humanitaire dans les régions d'Ukraine occupées par les forces russes, a déclaré Human Rights Watch. Selon les données du gouvernement ukrainien, au moins six millions de civils vivent actuellement dans des territoires occupés par la Russie.
Les autorités russes contraignent les habitants à servir dans l'armée russe, imposent la citoyenneté russe, procèdent à des transferts forcé de civils vers d'autres régions, imposent le programme scolaire de l'État russe dans les écoles et autres établissements d'enseignement, et soumettent les écoliers à un endoctrinent politique pour les empêcher d'apprendre et d'exprimer leur identité ukrainienne. Elles appliquent également des mesures discriminatoires en matière de religion, notamment à l'encontre des Témoins de Jéhovah, de l'Église grecque-catholique et de trois communautés protestantes.
Trump devrait également exhorter Poutine à libérer les personnes emprisonnées pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression et de religion, a déclaré Human Rights Watch. La répression en Russie s'est considérablement intensifiée depuis le premier mandat de Trump et après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine en 2022. L'État de droit en Russie a été gravement affaibli : les autorités russes ont instrumentalisé le système judiciaire pour réprimer les dissidents, en adoptant de nouvelles lois criminalisant la liberté d'expression et en abusant de lois existantes.
L’ONG Memorial, l'une des principales organisations russes de défense des droits humains, recense actuellement 883 prisonniers politiques, dont 222 détenus pour leur opposition à la guerre.
Par ailleurs, au moins 151 Témoins de Jéhovah sont actuellement incarcérés en Russie pour avoir pratiqué leur religion, selon leur organisation.
La persécution par les autorités russes des avocats défendant des personnes critiques du pouvoir devrait alerter les responsables américains qui envisagent de renouer des liens commerciaux avec la Russie, a déclaré Human Rights Watch. En janvier, trois avocats de l'opposant décédé Alexeï Navalny ont été condamnés à des peines de prison pour avoir assuré sa défense. L'État a assimilé leur travail juridique auprès de Navalny à une participation à une « organisation extrémiste ».
« Trump a réussi par le passé à convaincre Poutine de libérer des personnes détenues à tort », a déclaré Sarah Yager. « L'engagement actuel de l'administration avec Poutine et le gouvernement russe est une occasion de renouveler ces efforts. »