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Mexique : Enquêter sur le site d’un massacre présumé

La découverte d’ossements par des activistes met en évidence les lacunes des enquêtes officielles

Plusieurs dizaines de chaussures qui ont été trouvées, ainsi que des ossements humains, sur le terrain du Ranch d’Izaguirre dans la municipalité de Teuchitlan (Etat de Jalisco), au Mexique, début mars 2025. Photo prise le 11 mars 2025.
Plusieurs dizaines de chaussures qui ont été trouvées, ainsi que des ossements humains, sur le terrain du Ranch d’Izaguirre dans la municipalité de Teuchitlan (État de Jalisco), au Mexique, début mars 2025. Photo prise le 11 mars 2025. © 2025 Bureau du Procureur général de l'État de Jalisco, via AP

(Mexico, 19 mars 2025) – Les autorités mexicaines devraient mener une enquête approfondie et impartiale au sujet des centaines de fragments d'os et de vêtements récemment découverts par une association de familles de personnes disparues, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.

Le 5 mars, un groupe local de bénévoles qui recherchent des personnes disparues au Mexique a annoncé avoir découvert des restes humains calcinés, des centaines de vêtements et de chaussures, ainsi que de trois fosses qualifiées de « crématoriums » sur le terrain d’un ranch situé près de la ville de Guadalajara, dans l'État de Jalisco. Six mois plus tôt, en septembre 2024, le Parquet de l'État de Jalisco et la Garde nationale avaient déjà inspecté ce site, suite à des opérations de la Garde nationale qui avait arrêté dix individus et secouru deux personnes ; mais cette enquête n’avait alors abouti qu’à la découverte d’un cadavre.

« Il est choquant et décourageant que des membres des familles de victimes, munis de pioches et de pelles, aient été contraints d'achever le travail que les autorités affirmaient avoir effectué près de six mois plus tôt », a déclaré Juanita Goebertus, directrice de la division Amériques à Human Rights Watch. « La présidente Claudia Sheinbaum devrait y voir un signal pour entreprendre un effort urgent à l'échelle nationale, afin de professionnaliser les enquêtes criminelles menées par les parquets des États. »

Suite à cette récente découverte, le Procureur général de l'État de Jalisco a déclaré aux journalistes qu'en septembre dernier, des enquêteurs de son bureau et des membres de la Garde nationale avaient fouillé « certaines parties » du ranch, mais qu'ils n'avaient trouvé ni restes humains, ni vêtements, ni crématoriums, car « le ranch est très vaste ». Début mars, des membres du collectif de bénévoles ont décidé de fouiller le site, après avoir reçu un appel anonyme indiquant que des restes de personnes disparues y avaient été enterrés.

La découverte de restes humains dans l’État de Jalisco met en lumière les graves lacunes systémiques des enquêtes sur les homicides et les disparitions au Mexique, a déclaré Human Rights Watch.

Dans un rapport publié en février, Human Rights Watch a constaté que les autorités mexicaines n’enquêter pas efficacement sur la plupart des homicides en raison de divers problèmes systémiques, notamment un manque de ressources et de formation, de lourdes charges de travail et une mauvaise coordination entre les autorités. Entre 2010 et 2022, les parquets de divers États mexicains ont ouvert environ 300 000 enquêtes pour homicide volontaire, mais n'ont formellement identifié des suspects que dans 17 % des cas. Le nombre réel d'homicides est probablement plus élevé. Depuis 2007, plus de 94 000 personnes ont été portées disparues au Mexique, et n'ont toujours pas été retrouvées.

Le 11 mars, le Procureur général du Mexique a annoncé que son bureau envisageait de demander aux autorités fédérales d’assumer le contrôle de cette enquête, affirmant qu'« il est peu vraisemblable qu'une situation de ce type ait été ignorée des autorités étatiques ou locales ».

Depuis la découverte des ossements, le collectif et le parquet ont commencé à publier des centaines de photos, de vidéos et de descriptions des objets personnels retrouvés sur le site, afin que les familles de personnes disparues puissent tenter de les identifier.

« La négligence dont ont fait preuve les autorités mexicaines dans cette enquête est choquante, mais malheureusement loin d'être rare », a conclu Juanita Goebertus. « Cette affaire devrait servir de signal d’alarme : des réformes urgentes sont nécessaires pour améliorer les enquêtes criminelles au Mexique. »

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