Il y a au moins trois choses que le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont en commun, en plus d'être voisins dans la région du Sahel en Afrique.
Premièrement, ils sont tous dirigés par des juntes militaires.
Deuxièmement, ces juntes militaires commettent de graves violations des droits humains, notamment des atrocités. Les abus à l’encontre des civils dans le cadre des conflits sont particulièrement monnaie courante dans la région, tout comme les restrictions des droits civils et politiques.
Troisièmement, ils ont tous officiellement quitté la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).
Ce troisième point est plus lié aux deux premiers qu'il n'y paraît à première vue.
Au sein de la CEDEAO, il existe une institution connue sous le nom de Cour de justice de la Communauté. Depuis 2005, cette Cour est compétente pour juger des affaires relatives aux droits humains introduites par les citoyens des États membres. Les citoyens n'ont même pas besoin de passer par leurs tribunaux locaux ; ils peuvent s'adresser directement à la Cour de justice de la Communauté de la CEDEAO.
La Cour a rendu des décisions historiques en matière de droits humains, notamment concernant le Burkina Faso, le Mali et le Niger.
On comprend donc aisément pourquoi les juntes militaires de ces pays—dont les forces de sécurité commettent de graves violations des droits humains—cherchent à se retirer de la CEDEAO. Cela leur permet d'échapper à l'obligation de rendre des comptes en plaçant ces crimes hors de la juridiction de la Cour.
Une stratégie bien pratique pour elles.
Mais une catastrophe pour les victimes des abus et des crimes commis par les juntes militaires qui perdent une voie d'accès essentielle à la justice.
Elles ont déjà perdu leurs voies de recours locales et nationales, évidemment. Les autorités des juntes militaires du Burkina Faso, du Mali et du Niger enquêtent à peine sur les forces de sécurité, les groupes armés et les autres personnes responsables d'abus graves commises pendant les conflits armés en cours, et les poursuivent encore moins.
Désormais, les victimes ont encore moins de possibilités de recours.
Dans la nouvelle confédération formée par les trois pays, il est clair que la justice et la responsabilité ne sont pas des priorités.
Un militant politique malien, aujourd'hui en exil en France, a résumé la situation pour HRW la semaine dernière :
« Depuis qu'ils sont arrivés au pouvoir par la force, ces gouvernements militaires ont systématiquement échoué à tenir pour responsables ceux commettant des violations flagrantes des droits humains [...]. Cette dernière mesure ne fait que confirmer leur mépris des droits humains et de l'État de droit ».