Pourquoi certains hommes blancs aux États-Unis semblent-ils craindre autant la perspective de l'égalité raciale ?
Ont-ils peur que les visages des dirigeants américains soient un jour aussi divers que ceux de l'ensemble de la population et de ne pas se sentir en sécurité dans un monde où tous les décideurs ne ressemblent pas à leurs parents, ces figures d'autorité de leur jeunesse ?
Ou est-ce tout simplement parce que certains d'entre eux s’inquiètent d'être dépassés par leur propre médiocrité et redoutent de ne pas pouvoir rivaliser si l'équilibre dans la société était plus équitable ? Est-il possible que d’une certaine façon ils aient l’impression qu'une discrimination systématique pour empêcher les non-Blancs de prospérer soit nécessaire ?
Mais quelle qu'en soit la raison, de nombreux responsables politiques américains se plaisent à alimenter ces craintes chez les Américains blancs et exploitent ces inquiétudes exagérées pour consolider leur popularité et leur influence. Le meilleur exemple est, peut-être, le président des États-Unis Donald Trump.
Sa rhétorique électorale suprémaciste blanche était déjà déplorable, mais les attaques de sa nouvelle administration contre des politiques de diversité, d'équité et d'inclusion (DEI) bien établies risquent d'entraîner des dégâts sérieux aux fondements de la société américaine contemporaine.
Les institutions américaines ont commencé à créer des programmes de diversité, d'équité et d'inclusion et des programmes de discrimination positive après la chute de l'apartheid racial aux États-Unis. La décision de la Cour suprême des États-Unis Brown v. Board of Education de 1954, qui a aboli la ségrégation dans les écoles, ainsi que la loi sur les droits civils (Civil Rights Act) de 1964, qui a proscrit toute discrimination basée sur la race, la couleur, la religion, le genre ou l'origine nationale, constituent des piliers essentiels.
Elles ont créé des protections sur lesquelles les citoyens américains s'appuient depuis plus de 60 ans.
Trey Walk, expert de Human Rights Watch, détaille trois nouveaux décrets de Trump visant les politiques de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI).
Le premier décret ordonne aux agences fédérales de mettre fin à toutes les activités de DEI. Il ordonne aussi aux agences de supprimer les mesures élaborées sous l'administration Biden-Harris pour éradiquer le racisme systémique et d’autres inégalités.
Un second décret supprime les programmes de DEI au sein de l'armée, bien que le ministère de la défense ait admis que certains soldats en activité et anciens militaires étaient rattachés à des organisations suprémacistes blanches.
Un troisième décret désigne les programmes DEI comme discriminatoires et soutient qu'ils devraient aussi être abolis dans le secteur privé. Ce décret abroge des législations de 1965, qui avaient pour but de combattre le racisme et de favoriser l'égalité des opportunités dans le domaine de l'emploi.
Trump prévoit de « décourager » ces programmes en lançant des enquêtes sur les entreprises, les organisations à but non lucratif et les associations professionnelles. Des entreprises ont déjà commencé à annoncer leur intention de mettre fin à leurs programmes DEI.
Les étudiants seront également lésés. Les écoles publiques et les universités risquent de perdre le financement fédéral destiné à promouvoir l'égalité des chances pour les minorités raciales et ethniques, les femmes et les filles, et les LGBT.
En bref, ces décrets et d'autres mesures cherchent à réduire à néant les mesures antidiscriminatoires durement acquises par les États-Unis depuis des générations (ou, du moins, qu'ils s'efforcent de respecter). Il s'agit d'une manœuvre politique vicieuse fondée sur des craintes injustifiées chez certains Américains blancs, que Trump lui-même a fait monter en flèche à l'aide d'une rhétorique haineuse et de mensonges.
Aujourd'hui, comme le dit Trey : “Les barrages construits pour empêcher la discrimination sont attaqués. Nous ne devons pas les laisser s’effondrer”.