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Des Bangladais brandissaient le drapeau national à Dhaka le 5 septembre 2024, un mois après la chute de l'ancienne Première ministre Sheikh Hasina survenue le 5 août 2024, et commémoraient la mort des personnes qui ont été tuées lors des manifestations ayant mené au départ de Sheikh Hasina. © 2024 Md. Rakibul Hasan Rafiu/NurPhoto via AP

La démission de la Première ministre Sheikh Hasina au Bangladesh en août a été l'une des rares lueurs d'espoir dans une année 2024 par ailleurs morose. Le renversement de son régime corrompu et brutal, qui avait perduré grâce à trois élections injustes consécutives, a donné au pays l'occasion de procéder à des réformes systématiques : s'éloigner de l'autocratie et s'orienter vers la démocratie.

Cette opportunité de changement a évidemment eu un coût élevé. Près d'un millier de Bangladais ont perdu la vie en luttant pour la démocratie, principalement aux mains des forces de sécurité du pays.

La meilleure façon d'honorer leur sacrifice est de fermement implanter des réformes démocratiques, notamment le respect de l'État de droit et des droits humains. Les autorités devraient également demander des comptes pour les crimes commis par les forces de sécurité dans le passé, comme les disparitions, les exécutions extrajudiciaires, les arrestations arbitraires, la surveillance et la torture.

Le gouvernement intérimaire, dirigé par le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus, s'est engagé à mettre en œuvre des réformes et à organiser des élections libres et équitables. Il a abandonné de nombreuses poursuites à motivation politique déposées par l'administration précédente. Les exécutions extrajudiciaires et les disparitions forcées ont cessé. Les gens disent qu'ils peuvent s’exprimer librement.

En février, une commission dirigée par Yunus devrait entamer la mise en œuvre des réformes du système électoral, de la justice, de l'administration publique, de la police, de l’organe de lutte contre la corruption et de la Constitution.

En bref, les choses semblent bouger rapidement et avec détermination au Bangladesh.

Cependant, tout ne va pas dans le bon sens. Human Rights Watch a constaté que les mêmes pratiques abusives des forces de sécurité sont apparues depuis le renversement de Hasina.

Mais aujourd'hui, ce sont d'anciens partisans de la Ligue Awami de Sheikh Hasina, notamment des journalistes qui sont pris pour cibles. La police procède à nouveau à des détentions arbitraires et dépose des plaintes pénales en masse contre des personnes anonymes, ce qui lui permet d'intimider et de menacer d'arrestation pratiquement n'importe qui.

Au cours des deux premiers mois qui ont suivi l'entrée en fonction du gouvernement intérimaire, plus d'un millier de plaintes ont été déposées contre des dizaines de milliers de personnes, principalement des membres de la Ligue Awami, les accusant de meurtre, de corruption ou d'autres crimes.

Bien entendu, il faut que justice soit faite pour les crimes passés. Les responsables des abus commis sous le précédent gouvernement doivent rendre des comptes.

Mais les plaintes en masse sans preuves suffisantes ne font que nuire à la justice et risquent d'ouvrir la voie à un retour aux abus du passé.

De nombreux observateurs à l’étranger souhaitent que cette transition démocratique au Bangladesh fonctionne et peuvent apporter leur expertise. Le gouvernement devrait solliciter l'assistance technique, le suivi et les rapports du Haut-Commissariat aux droits de l'homme et d'autres experts des droits humains des Nations unies.

Les dirigeants actuels tentent de démanteler quinze années d’enracinement de l’autocratie. C'est une tâche monumentale. En faisant appel aux experts des Nations unies en matière de droits humains, ils augmenteront leurs chances de réussite.

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