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Un activiste politique camerounais aurait été victime d’une disparition forcée

Les autorités devraient immédiatement localiser Yérima Djoubaïrou Tchéboa

Yérima Djoubaïrou Tchéboa, le 11 mars 2021, à N'Gaoundere, au Cameroun. © 2021 Privé

Vingt jours se sont écoulés sans nouvelles de Yérima Djoubaïrou Tchéboa, un activiste politique camerounais et détracteur du gouvernement âgé de 52 ans qui a été enlevé dans une rue de N'Gaoundéré, dans la région d'Adamawa, dans le nord du Cameroun, et qui est présumé avoir été disparu de force par les autorités. 

 

Selon un témoin interrogé par Human Rights Watch, le 24 décembre 2024, au moins deux hommes ont interpellé Yérima Djoubaïrou Tchéboa et deux autres hommes dans le quartier de Bali, et les ont emmenés dans un camion sans plaque d'immatriculation. Les deux autres hommes ont été relâchés peu après, mais Yérima Djoubaïrou Tchéboa est toujours porté disparu. 
 

Les proches de Yérima Djoubaïrou Tchéboa ont déclaré qu’ils l’avaient cherché dans les commissariats de police et les gendarmeries de N'Gaoundéré, et qu’ils avaient déposé des plaintes auprès de plusieurs unités de police et de gendarmerie. Les autorités n'ont fourni aucune information sur le lieu où se trouve Yérima Djoubaïrou Tchéboa, et n'ont pas indiqué si sa disparition faisait l'objet d'une enquête. 
 

Sa sœur a déclaré qu'elle s'était rendue à la police judiciaire le 24 décembre, et que l'un des hommes interpellés avec Yérima Djoubaïrou Tchéboa l’avait informée qu'un commissaire de police se trouvait dans le camion qui les avait emmenés. 
 

Yérima Djoubaïrou Tchéboa est connu pour son activisme politique sur les réseaux sociaux, où il a critiqué les autorités et appelé à une nouvelle gouvernance pour le pays. Deux jours avant son enlèvement, il a publié un message sur Facebook accusant un dirigeant du parti au pouvoir de s’apprêter à commettre une fraude électorale. 

 

Les autorités camerounaises répriment l'opposition et la liberté d'expression depuis des années, emprisonnant les activistes politiques et les dissidents. Les libertés d'expression et d'association sont restreintes à l'approche des élections, qui se tiendront plus tard cette année. 

 

En juin 2024, des gendarmes de N'Gaoundéré ont arbitrairement arrêté à nouveau l'artiste Aboubacar Siddiki, connu sous le nom de Babadjo, parce qu’il aurait insulté un gouverneur. Un mois plus tard, des membres des services de renseignement de Douala, dans la région du Littoral, ont arrêté Junior Ngombe, un activiste des réseaux sociaux, pour ses vidéos appelant à un changement démocratique, et les forces de sécurité ont fait disparaître de force et torturé Ramon Cotta, un activiste des réseaux sociaux connu pour ses vidéos TikTok qui critiquent les autorités. En décembre 2024, le ministre de l’Administration territoriale a suspendu les activités du Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale, un important groupe de défense des droits humains, par une décision arbitraire dépourvue de tout fondement juridique. 
 

Yérima Djoubaïrou Tchéboa semble être victime d'une disparition forcée – une détention non reconnue, ou caractérisée par le refus de révéler le lieu où se trouve un détenu ou le sort qui lui est réservé –, ce qui viole plusieurs droits fondamentaux et constitue un crime grave au regard du droit international, même si ce type de crime est tristement commun au Cameroun. Si Yérima Djoubaïrou Tchéboa est détenu par l'État, les autorités devraient immédiatement révéler son lieu de détention et le libérer.  

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