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Le Cameroun suspend des ONG, créant un préjudice pour les survivantes de violences basées sur le genre

Cette mesure est en contradiction avec l’objectif du gouvernement de mettre fin aux violences à l’égard des femmes

En décembre, le gouvernement camerounais a suspendu les activités de quatre organisations non gouvernementales pour une durée de trois mois, sans préavis ni fondement juridique, et cette mesure a des conséquences pour les victimes de violences basées sur le genre.

Les autorités et la police camerounaises ont fermé le bureau d’une organisation non gouvernementale dont les activités ont été suspendues puis interdites à Douala, au Cameroun, en 2024. © 2024 Privé.

Comme l’une de ces organisations fournit des services d’assistance aux victimes de violences basées sur le genre, sa suspension abrupte a affecté l’accès des survivantes à un accompagnement et a contraint certaines d’entre elles à rester dans la rue lorsque les bureaux et les installations, y compris les refuges, ont été fermés par les autorités gouvernementales.

Les organisations de la société civile apportent un soutien énorme au gouvernement camerounais dans la lutte contre les violences basées sur le genre. Elles fournissent des services que le gouvernement ne propose pas ou fournit de manière insuffisante, notamment un hébergement temporaire, des soins de santé mentale et un soutien psychosocial, une assistance juridique et des activités génératrices de revenus. Elles aident les survivantes à naviguer dans la bureaucratie des orientations et des services gouvernementaux, y compris pour l’obtention de soins de santé et l’accès au système judiciaire.

La suspension arbitraire des organisations de la société civile qui soutiennent l’objectif du gouvernement de réduire les violences sexistes et le manque de coordination avec les agences gouvernementales compétentes pour instaurer un plan d’urgence visant à garantir l’absence de répercussions pour les victimes ne sont pas à la hauteur de l’objectif ambitieux mis en avant par le gouvernement pour mettre fin aux violences basées sur le genre.

Cela démontre au contraire une absence de processus stratégique pour atteindre cet objectif et un manque de volonté politique.

En 2011, le Cameroun a adopté une stratégie nationale de lutte contre les violences faites aux femmes. La stratégie a été révisée en 2016, puis à nouveau en 2022, dans le but de diminuer de moitié la prévalence des violences d’ici 2020 et 2026, respectivement. Cependant, dans la pratique, le Cameroun n’a pas affecté de ressources suffisantes, y compris des services, pour réduire les violences basées sur le genre et répondre aux besoins des survivantes à travers le pays. En 2014, il n’y avait qu’un seul refuge pour les victimes de violences basées sur le genre. En 2019, le gouvernement avait ouvert environ 10 centres de crise pour les orientations, avec des services téléphoniques accessibles 24 heures sur 24. Aussi importantes que soient ces mesures, elles restent insuffisantes, ce qui rend le rôle des organisations suspendues essentiel au bien-être de nombreuses victimes.

Le Cameroun devrait rétablir les activités de ces organisations non gouvernementales et chercher d’autres moyens de mener ses enquêtes sans interrompre les services de ces ONG, ou sans nuire davantage aux droits des survivantes à recevoir une assistance et à accéder aux services dont elles ont besoin.

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