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L'ancien président des États-Unis Jimmy Carter photographié à New York, le 7 juillet 2015.  © 2015 MediaPunch/INSTARimages via AP Images

Human Rights Watch déplore le décès de Jimmy Carter, qui a apporté des contributions majeures au mouvement des droits humains lors de sa présidence aux États-Unis, et longtemps après la fin de son mandat.

Jimmy Carter a mis en place un programme de politique étrangère centré sur les principes universels des droits humains, puis a construit un héritage post-présidentiel promouvant la démocratie, défendant le droit au logement en tant que droit humain, faisant progresser la santé publique et encourageant des millions de personnes à s’engager dans diverses formes de service communautaire. Il est décédé le 29 décembre, à l’âge de 100 ans.

« Jimmy Carter a introduit le mouvement des droits humains dans les coulisses du pouvoir, et a œuvré à mettre en place un gouvernement guidé par le principe de la dignité humaine », a déclaré Tirana Hassan, directrice exécutive de Human Rights Watch.

Jimmy Carter a prêté serment en tant que 39ème président des États-Unis en 1977 et s’est immédiatement distingué par un programme de politique étrangère qui accordait la priorité aux droits humains à l’échelle internationale. Il a défendu les principes énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations Unies de 1948, laquelle soulignait que la reconnaissance des « droits égaux et inaliénables » constituait « le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde ».

Entré en fonction alors que la récente guerre du Vietnam jetait encore une ombre funeste sur les États-Unis, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, Carter a cherché à insuffler de la moralité et des valeurs dans la politique étrangère américaine. Il est peut-être surtout connu pour avoir négocié les accords de Camp David, qui ont abouti à un traité de paix entre l’Égypte et Israël. Parmi ses autres initiatives en politique étrangère figurent la première visite d’un président américain en Afrique subsaharienne, la cessation du soutien américain de longue date au gouvernement abusif de Somoza au Nicaragua, et le début de la publication par le Département d’État de rapports annuels sur les droits humains dans divers pays du monde. Son gouvernement a créé des procédures formelles afin que l’élaboration de politiques prenne en compte les questions de droits humains.

Jimmy Carter a créé le ministère américain de l’Éducation, qui a renforcé les programmes de soutien aux étudiants pauvres et handicapés. Il a également nommé plus de femmes et de personnes de couleur aux postes de juges fédéraux que toutes les administrations américaines précédentes réunies.

Le bilan de Carter en matière de droits humains avait certaines failles. Il a parfois omis de condamner les abus commis par des alliés de longue date – comme Ferdinand Marcos aux Philippines et Suharto en Indonésie – afin de privilégier d’autres intérêts américains. Sa politique intérieure n’a pas lutté contre le racisme structurel de manière significative, et il s’est opposé au financement fédéral de l’avortement, qui aurait rendu cette procédure sûre et abordable pour toutes les femmes.

Après avoir quitté ses fonctions, Jimmy Carter et sa femme, Rosalynn, décédée en novembre 2023, ont fondé le Carter Center en 1982. Ils se sont efforcés de résoudre des problèmes qu’ils n’avaient pas suffisamment abordés à la Maison Blanche, en se concentrant principalement sur la promotion de la paix, le soutien à la démocratie et l’amélioration de la santé dans le monde.

Le voyage de Jimmy Carter en Corée du Nord en 1994 a conduit à un accord avec Kim Il Sung pour suspendre son programme nucléaire, ce qui a peut-être permis d’éviter une crise qui couvait. Après le coup d’État de 1991 contre le président haïtien Jean-Bertrand Aristide, Carter a entamé des négociations de dernière minute avec les dirigeants de l’opposition, permettant d’éviter une intervention militaire américaine et de faciliter le retour ultérieur d’Aristide au pouvoir.

Par l’intermédiaire du Carter Center, l’ancien président a également obtenu la libération de prisonniers politiques en Corée du Nord et en Gambie ; le centre a surveillé plus de 100 élections dans 39 pays (ainsi qu’aux États-Unis), et a contribué à presque éradiquer la maladie du ver de Guinée, qui a touché des millions de personnes dans des régions pauvres et reculées dans les années 1980.

Jimmy Carter et sa femme Rosalynn ont établi un partenariat de plusieurs décennies avec Habitat for Humanity, afin de fournir des logements pour des prix peu élevés à des personnes dans le besoin. Ils ont travaillé aux côtés de milliers de bénévoles pour construire des logements à des prix abordables, dans 14 pays.

En 2002, Jimmy Carter s’est vu attribuer le prix Nobel de la paix ; il était le premier président américain à recevoir cette récompense pour ses activités menées après avoir quitté le Bureau ovale. Le comité Nobel avait alors salué « ses décennies d’efforts inlassables pour trouver des solutions pacifiques aux conflits internationaux, pour faire progresser la démocratie et les droits humains, et pour promouvoir le développement économique et social ».

Tout au long de sa présidence, Carter a profité de son poste pour s’exprimer sur certaines des questions les plus urgentes de l’époque en matière de droits humains, en promouvant la justice raciale, les droits des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT), et les droits des femmes, parmi d’autres. En 2007, dans son ouvrage Palestine : La paix, pas l’apartheid (titre original en anglais Palestine : Peace Not Apartheid), Jimmy Carter a courageusement reconnu l’apartheid israélien contre les Palestiniens, et a appelé à la fin des violations des droits humains par Israël.

« L’engagement de Jimmy Carter en faveur des droits humains a laissé une marque indélébile sur le paysage mondial des droits humains », a conclu Tirana Hassan. « Il a donné un puissant exemple aux dirigeants mondiaux, afin qu’ils fassent aussi des droits humains une priorité dans leurs politiques nationales et internationales. »

Human Rights Watch adresse ses sincères condoléances à la famille de Jimmy Carter.

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