L’écrivain et activiste égypto-britannique Alaa Abdel Fattah aurait dû être libéré le 29 septembre, après avoir purgé une peine de cinq ans de prison à laquelle il avait été injustement condamné. Toutefois, les autorités égyptiennes le maintiennent en prison, car elles refusent de comptabiliser les deux ans de détention provisoire qu’il avait déjà subie, dans le cadre de cette peine de cinq ans. Alors qu’Alaa Abdel Fattah a déjà passé la majeure partie de la dernière décennie derrière les barreaux, les autorités ont donc déclaré à son avocat qu’il ne retrouverait pas sa famille avant 2027.
Alaa Abdel Fattah s’est fait connaître en Égypte lors des soulèvements du « Printemps arabe » de 2011 ; il a été emprisonné plus ou moins sans interruption depuis 2014. En 2015, un tribunal égyptien l’avait déjà condamné une première fois à cinq ans de prison pour sa participation à des manifestations. Fin mars 2019, il a été libéré sous condition, mais été de nouveau arrêté en septembre 2019 lors d’une escalade de la répression. Il a ensuite été maintenu en détention provisoire pendant plus de deux ans, ce qui est pourtant la durée maximale autorisée par la loi égyptienne. Le 20 décembre 2021, un tribunal du Caire a condamné Alaa Abdel Fattah à cinq ans de prison pour « diffusion de fausses nouvelles ». Quelques semaines auparavant, onze experts des droits humains des Nations Unies avaient dénoncé les violations du droit à un procès équitable subies par Abdel Fattah et d’autres activistes.
En prison, Alaa Abdel Fattah a été confronté à des conditions de détention abjectes. Selon sa famille, les forces de sécurité du complexe pénitentiaire de Tora lui ont infligé des passages à tabac, des actes de torture et à d’autres mauvais traitements pendant qu’il y était détenu en 2019. Il a depuis été transféré vers une autre prison, mais selon Amnesty International, les autorités pénitentiaires continuent « de lui refuser un accès à l’air frais et à la lumière du soleil », ainsi que l’accès à son avocat et aux visites consulaires des autorités britanniques. Human Rights Watch a précédemment documenté des conditions de détention déplorables dans de nombreuses prisons égyptiennes, y compris parfois l’absence de soins de santé et les décès qui en résultent.
Le maintien en détention d’Abdel Fattah constitue une violation flagrante de ses droits, y compris tels que garantis par le Code de procédure pénale égyptien ; ce Code stipule que le temps passé en détention provisoire doit être pris en compte dans la durée totale de la peine de prison prononcée (articles 143 et 482). En novembre 2022, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme avait déjà appelé à la libération immédiate d’Alaa Abdel-Fattah. Et le mois dernier, une coalition de 59 organisations de la société civile égyptienne et internationales a de nouveau appelé à sa libération immédiate et inconditionnelle.
Les autorités égyptiennes ont déjà privé Abdel Fattah d’une décennie de sa vie. Ajouter deux ans supplémentaires à sa peine est un geste particulièrement cruel. Elles devraient le libérer sans tarder davantage.
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