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Iran : Arrestations de proches de manifestants tués

Des membres des familles de manifestants tués ou arrêtés cherchaient à obtenir justice

Des photos de manifestants iraniens tués par les forces de sécurité, ou exécutés suite aux manifestations déclenchées par la mort, le 16 septembre 2022, de Mahsa Amini, une jeune femme qui avait été arrêtée par la police des mœurs iranienne. Cette photo a été prise lors d'une veillée aux chandelles tenue à Washington, le 16 septembre 2023 , afin de commémorer le premier anniversaire de la mort de Mahsa Amini. © 2023 Ali Khaligh/Middle East Images/AFP via Getty Images

(Beyrouth) – Au cours des deux dernières années, les autorités iraniennes ont arrêté sur la base de fausses accusations les membres des familles de dizaines de personnes tuées lors des manifestations de 2022, ou emprisonnées et parfois exécutées suite aux manifestations a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui ; d’autres membres des familles ont été menacés ou harcelés. Deux ans après la vague de manifestations « Femme, vie, liberté » de 2022, les autorités iraniennes continuent de réduire au silence et de punir les membres des familles qui demandent la justice pour les violations commises contre leurs proches.

Le 16 août, BBC Persian a indiqué que le tribunal pénal de Nazarabad, dans la province d’Alborz, dans le nord de l’Iran, avait condamné Mashallah Karami à 8 ans et 10 mois de prison pour « participation au blanchiment d’argent » et « obtention de biens par des moyens illégitimes ». Le fils de Mashallah Karami, Mohammad Mehdi Karami, avait été exécuté le 7 janvier 2023, après avoir participé aux manifestations. Son père risque également une amende et la confiscation de ses biens dans le cadre de sa peine. Ali Sharifzadeh Ardakani, son avocat, a déclaré dans une interview au journal Shargh Daily que les fonds et les actifs étaient des dons publics destinés à soutenir Karami, bien qu’aucun des donateurs n’ait intenté de poursuites en vue d’obtenir un remboursement.

« Les autorités iraniennes brutalisent les gens à double titre : d’abord en exécutant ou en tuant une personne ayant manifesté, puis en arrêtant des proches ayant cherché à obtenir justice », a déclaré Nahid Naghshbandi, chercheuse par intérim sur l’Iran à Human Rights Watch. « Les autorités judiciaires iraniennes devraient libérer d’urgence les membres de familles illégalement détenus, et garantir des procès équitables et un processus judiciaire transparent pour toute personne accusée d’un crime. »

Le 27 août, l’organisation baloutche de défense des droits humains Haalvsh a signalé que le Tribunal spécial pour les mineurs de la province du Khorasan-e Razavi avait prononcé une peine de huit mois de prison contre Faramarz Abil Barahoui, âgé de 15 ans ; son frère Ismail Abil Barahoui était l’une des victimes de la répression de manifestations à Zahedan, le 30 septembre 2022 (« Vendredi sanglant »). Il y a plus d’un an, le 4 août 2023, Haalvsh avait signalé l’arrestation de Faramarz Barahoui, après qu’il ait visité la tombe de son frère Ismail.

Le Réseau des droits humains du Kurdistan (Kurdistan Human Rights NetworkKHRN) a indiqué que le 3 septembre, des agents de sécurité ont fait une descente au domicile de la famille de Zanyar Aboubakri, qui a été abattu lors des manifestations « Femme, vie, liberté » à Mahabad le 27 octobre 2022, et ont arrêté son frère de 16 ans, Ramyer.

Le 3 septembre, des membres des forces de sécurité iraniennes ont aussi perquisitionné le domicile de Siavash Soltani, dont le père, Kobri Sheikha Saqqaa, a été tué lors des manifestations d’octobre 2022 à Mahabad ; ils ont violemment appréhendé Soltani et l’ont arrêté sans présenter de mandat d’arrêt, selon KHRN.

Le 4 juillet, les forces de sécurité iraniennes ont arrêté Raana Kourkour à son domicile à Pakdasht, selon l’Agence de presse des militants des droits humains HRANA ; elle avait critiqué le déroulement de l’élection présidentielle, ainsi que la condamnation à mort prononcée en avril 2023 contre son frère Abbas (Mojahed) Kourkour pour « inimitié contre Dieu » et « corruption sur terre », et confirmée par la Cour suprême en décembre 2023. Les autorités ont libéré Raana Kourkour le 10 août 2024.

Le 30 juillet, les forces de sécurité iraniennes ont arrêté Ahmad Hasanzadeh et sa fille Solmaz Hasanzadeh alors qu’ils commémoraient ce qui aurait été l’anniversaire du fils d’Ahmad, Mohammad Hasanzadeh, a rapporté l’organisation de défense des droits humains Kurdpa ; Mohammad a été tué par balle lors d’une manifestation en novembre 2022. Ahmad Hasanzadeh a été libéré sous caution le lendemain, mais sa fille Solmaz a été transférée à la prison d’Urmia, où elle a entamé une grève de la faim le 6 août pour protester contre son maintien en détention.

Solmaz Hasanzadeh et son père avaient précédemment été convoqués pour un interrogatoire à Bukan ; le 5 septembre 2023. Elle avait ensuite été arrêtée par les forces de sécurité à un poste de contrôle situé entre Bukan et Saqqez le 27 septembre 2023, avant d’être libérée peu de temps après.

Le 29 août, l’association Kurdpa a indiqué que Hassan Amini, dont le frère Mohammad a été tué lors d’une manifestation en octobre 2022, avait été libéré de la prison de Sanandaj et placé sous surveillance électronique. Le 5 juillet 2023, la Branche 101 du Tribunal pénal de Bukan avait condamné Hassan Amini à six mois et demi de prison et 40 coups de fouet pour « trouble à l’ordre public ». Il avait été arrêté le 9 juin 2023, avec des proches d’autres victimes, après avoir assisté à une cérémonie tenue dans un cimetière pour commémorer des personnes tuées lors des manifestations de 2022.

Les autorités iraniennes exercent depuis longtemps des pressions sur les familles dont les proches ont été tués par les forces de sécurité, ou exécutés suite à des condamnations par des tribunaux iraniens. Les autorités ont notamment menacé et fait pression sur les familles des victimes des précédentes manifestations de 2019, ainsi que sur les familles des victimes du vol PS752 d’Ukraine International Airlines, dont l’avion a été abattu en janvier 2020 par les Gardiens de la révolution islamique, afin de les dissuader de chercher à obtenir justice.

« Il est essentiel que les gouvernements qui dialoguent avec l’Iran condamnent publiquement ces injustices flagrantes subies par des personnes dont les proches ont déjà été victimes de graves violations brutalement commises par le gouvernement iranien », a conclu Nahid Naghshbandi.

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