Il y a un vieux slogan des défenseurs des droits humains qui dit : « Certaines personnes sont gays. Passez à autre chose. »
Ce slogan est percutant, facile à se remémorer et à répéter, comme tous les bons slogans. Il peut également être facilement réutilisé à d'autres fins, comme « Certaines personnes sont transgenres. Passez à autre chose. »
Plus important encore, il responsabilise le destinataire du message. Il dit que ce ne sont pas les personnes désignées comme boucs émissaires qui sont en cause. C'est vous qui êtes invités à revoir votre façon de penser.
Les autorités du Bélarus devraient peut-être méditer sur ce point. L'autre jour, elles se sont à nouveau attaquées aux personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT). Plus précisément, elles ont modifié la définition de la pornographie en vertu de la loi bélarussienne, de sorte que les représentations de personnes LGBT sont désormais classées dans la même catégorie que les représentations de la nécrophilie et de la pédophilie.
En bref, elles qualifient la vie des personnes LGBT de "pornographie".
Bien entendu, il ne s'agit pas d'une nouveauté au Bélarus, qui, sous la dictature d'Alexandre Lukashenko, est un véritable enfer en matière de droits humains. Les autorités ont déjà attaqué des personnes LGBT dans ce pays, et des responsables publics font pression pour introduire des sanctions pénales pour les « relations sexuelles non traditionnelles et la propagande en faveur du changement de sexe. »
Le Bélarus marche au pas de son allié, la Russie, qui a étendu sa loi sur la propagande anti-gay et interdit le « mouvement international LGBT » - une organisation qui, comme vous le savez, n'existe pas.
Poutine s'en prend aux personnes LGBT en partie pour essayer de renforcer ses soutiens parmi les conservateurs à l'étranger, en particulier à l'Ouest, en raison de la guerre en Ukraine. Poutine présente souvent de manière ridicule son invasion atroce de l'Ukraine comme une bataille pour les « valeurs traditionnelles ».
Il y a quelques mois, mon ancien collègue Graeme Reid (aujourd'hui expert indépendant auprès des Nations unies) a écrit un article intitulé « Russia, Homophobia and the Battle for 'Traditional Values' » (La Russie, l'homophobie et la bataille pour les 'valeurs traditionnelles). Il y décrit une compétition entre deux visions du monde :
D'un côté, il y a la vision d'un ordre social dans lequel l'individu est subordonné à la notion étatique de 'culture' et de tradition, ne tolérant aucune dissidence. La vision concurrente est fondée sur les droits et tient compte de la diversité.
Ce que les dictateurs anti-LGBT, comme Lukashenko et Poutine, et les démagogues occidentaux qui les admirent demandent lorsqu'ils parlent de « valeurs traditionnelles » est évident. Ils veulent un monde où l'État, le gouvernement, peut vous priver de vos libertés individuelles - et même de votre autonomie corporelle - sur la base de la « tradition », qu'il leur appartient, comme par hasard, de définir. Non, merci.
Dans leurs démarches autoritaires, ils prennent même des mesures qui nient l'existence même des personnes LGBT.
Ceux d'entre nous qui croient en la liberté et acceptent la réalité de la diversité humaine sont d'un avis contraire. Et nous disons : « Certaines personnes sont gays. Passez à autre chose. »