Le monde étant confronté à des crises dans de nombreux pays, notamment en Israël et en Palestine, en Ukraine, au Soudan et en Syrie, les enquêtes des Nations Unies sur les droits humains sont essentielles pour s'assurer que les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité rendent compte de leurs actes.
La justice et les réparations pour les victimes sont difficiles à obtenir, mais elles sont possibles, comme nous l'avons vu dans des affaires sur des crimes commis en ex-Yougoslavie, au Tchad, en Syrie et en République centrafricaine, entre autres exemples.
Mais un manque de liquidités et un gel des embauches à l'ONU menacent d'entraver les enquêtes sur les droits humains. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a averti les États membres que si ceux qui ont des arriérés de paiement ne s'acquittent pas rapidement de leurs obligations, l'ONU sera à sec d'ici le mois d'août. Le budget ordinaire de l'ONU pour 2024, qui ne comprend pas les opérations de maintien de la paix et certaines autres activités de l'ONU, s'élève à 3,6 milliards de dollars américains.
Ce sont les États-Unis qui doivent le plus, mais qui continuent d'effectuer des paiements partiels. Selon des sources de l'ONU, les États-Unis doivent 1,1 milliard de dollars au budget ordinaire de l'ONU pour 2023 et 2024, plus des arriérés supplémentaires. L'administration Biden souhaite payer, mais le Congrès n'a pas adopté de budget qui lui permettrait de le faire.
Les États-Unis ne sont pas les seuls à avoir tardé à payer : 50 autres pays n'avaient pas encore versé leur contribution à la fin de l'année 2023. La Chine, deuxième plus grand contributeur, n'a pas payé ses cotisations avant novembre, ce qui a exacerbé les problèmes de liquidités de l'ONU.
La direction de l'ONU a été contrainte d'imposer un gel des embauches l'année dernière. Tous les départements de l'ONU sont touchés, y compris la poignée d'enquêtes sur les droits humains, dont la plupart ont des effectifs et des budgets relativement faibles.
Par exemple, la mission internationale indépendante d'établissement des faits pour le Soudan, créée il y a quatre mois, a un mandat d'un an pour enquêter sur les atrocités commises à grande échelle, mais manque toujours d'enquêteurs pour mener à bien sa mission. Alors que le gel est censé permettre des exceptions pour l'embauche de personnel essentiel, des fonctionnaires de l'ONU et des diplomates ont déclaré à HRW qu'il y avait une certaine confusion quant à la manière d'obtenir ces exceptions.
Des délégations de la Chine, de la Russie, de Cuba et d'autres pays tentent depuis des années de défaire le travail de l'ONU en matière de droits humains. Leurs tentatives en décembre pour bloquer le financement des enquêtes sur les graves violations des droits humains au Soudan, en Syrie, en Ukraine, en Russie, au Nicaragua et ailleurs ont échoué.
Les dirigeants de l'ONU et les pays membres devraient veiller à ce que les équipes qui travaillent sur les droits humains au sein de l'ONU disposent des fonds et du personnel nécessaires pour remplir leurs mandats. Et les gouvernements qui doivent encore des cotisations devraient s'en acquitter.