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Fereshta Abbasi Speaking At the Human Rights Council for their 54th session. Screencap from Jan Kooy  ©

Lire la version en anglais du Brief du Jour de Andrew Stroehlein. 

Lorsque vous vous exprimez devant le Conseil des droits de l'homme de l’ONU à Genève, vous n'avez pas beaucoup de temps. Peu importe que vous connaissiez parfaitement une situation ou que vous ayez mené des recherches approfondies sur les atrocités que vous décrivez.

En tant que représentant d'une organisation non gouvernementale (ONG), vous disposez de 90 secondes. C'est tout.

Pour comprendre la concentration et le sang-froid que cela demande - résumer une horrible situation de misère humaine et proposer des solutions pratiques, le tout en une minute trente - vous devriez vraiment regarder cette vidéo. Elle montre comment ma collègue, la brillante chercheuse Fereshta Abbasi, a réussi son coup à Genève hier.

Allez-y, cliquez sur le lien. Cela ne vous prendra que 90 secondes. Puis revenez ici. J'attendrai...

Impressionnant, non ?

La liste des crimes commis par les talibans est longue et accablante, et il est évident qu'elle exige plus de 90 secondes d'attention de la part des gouvernements du monde entier. (Et pour ceux qui voudraient passer un peu plus de temps à lire ce que Fereshta a dit, nous avons publié sa déclaration écrite ici).

D’autant plus que ce qu'elle a déclaré est une nouveauté pour Human Rights Watch.

Nous avons publié de nombreux articles ici et ailleurs sur la situation en Afghanistan – qui est, entre autres, « la plus grave crise des droits des femmes au monde ». Mais notre présentation d'hier à Genève va plus loin.

Nos experts en droit international ont examiné la situation et en ont conclu que les autorités talibanes en Afghanistan commettent le crime de persécution liée au genre à l'encontre des femmes et des filles, ce qui constitue un crime contre l’humanité.

Cela témoigne de la nature systématique de la brutalité des talibans. Depuis qu'ils ont repris le contrôle du pays en août 2021, les talibans ont imposé des lois et des politiques visant à priver les femmes et les filles de tout le pays de leurs droits fondamentaux en raison de leur genre.

Vous pouvez lire notre raisonnement juridique détaillé ici, mais l'essentiel est assez simple. La négation cruelle et méthodique des droits fondamentaux des femmes et des filles par les talibans est un crime grave, qui doit avoir des conséquences graves. Les gouvernements concernés doivent collaborer pour traduire en justice les chefs talibans responsables.

La manière de procéder est également claire. L'Afghanistan est partie au statut de Rome de la Cour pénale internationale. Le 31 octobre dernier, la Cour a autorisé le procureur de la CPI à reprendre son enquête sur la situation en Afghanistan, qui avait été autorisée pour la première fois en 2020.

L'enquête de la CPI en Afghanistan peut ouvrir la voie à l'obligation de rendre des comptes pour le crime contre l'humanité que constitue la persécution fondée sur le genre. Nous devons nous assurer que la CPI dispose des ressources et de la coopération nécessaire de la part des autres gouvernements afin que son procureur puisse enquêter sur ce crime en plus des autres violations graves qu'il examine.

De nombreux gouvernements dans le monde ont condamné à juste titre les crimes des talibans. Ils devraient joindre le geste à la parole, et ce sur le long terme.

Ils devraient accorder plus de 90 secondes à la justice.

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