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Brutale agression d’une journaliste et d’un avocat en Tchétchénie

Treize organisations russes et internationales de défense des droits humains demandent que les agresseurs soient tenus de rendre des comptes

Elena Milashina. © 2009 Patricia Williams

Aujourd'hui, un groupe de voyous armés a attaqué Elena Milashina, une éminente journaliste et colauréate du prix Alison Des Forges décerné par Human Right Watch en 2009, et Alexander Nemov, un avocat défenseur des droits humains, à Grozny, la capitale de la république de Tchétchénie en Russie. Elena Milashina et Alexander Nemov travaillaient dans le cadre de l’affaire de Zarema Mussaeva, poursuivie sur la base d’accusations apparemment politiquement motivées.

Elena Milashina, photographiée le 4 juillet 2023 dans un hôpital de Grozny, la capitale de la république de Tchétchénie en Russie, après avoir été violemment agressée plus tôt dans la journée. 2023 Sergey Babinets, Crew Against Torture (CAT)

Elena Milashina et Alexander Nemov se rendaient au tribunal en voiture lorsque des hommes dont les visages étaient dissimulés par des cagoules noires sont apparus, tenant des armes à feu ; ces hommes les ont forcés à sortir de leur voiture, les ont menacés de mort, leur ont donné des coups de pied et de bâton et ont brisé leurs appareils électroniques. Les agresseurs ont ensuite rasé la tête d’Elena Milashina, avant de lui verser un liquide vert sur la tête. En Tchétchénie, raser de force la tête d'une femme est considéré comme une forme de punition particulièrement dégradante.

Elena Milashina et Alexander Nemov souffrent de plusieurs blessures. Elena Milashina a subi une commotion cérébrale et plusieurs fractures des doigts. La jambe droite d’Alexander Nemov a été transpercée par un objet pointu, le rendant incapable de marcher.

Le journal pour lequel Elena Milashina travaille, Novaya Gazeta, a rapidement organisé leur évacuation, et ils reçoivent actuellement des soins médicaux en dehors de la Tchétchénie.

Elena Milashina et Alexander Nemov étaient à Grozny pour le procès de Zarema Mussaeva. Elle était poursuivie pour de fausses accusations d'escroquerie et d'agression contre un policier. En janvier 2022, les autorités tchétchènes l'ont emprisonnée pour faire pression sur ses deux fils, qui avaient ouvertement critiqué le gouverneur de Tchétchénie, Ramzan Kadyrov.

Alexander Nemov, qui travaille en étroite collaboration avec l’ONG russe Crew Against Torture, ou CAT (Команда прóтив пыток, ou « Équipe contre la torture »), est l'avocat de Zarema Mussaeva. Plus tard dans la journée, alors qu’il était soigné dans un hôpital à la suite de l'attaque brutale, le tribunal a déclaré Zarema Mussaeva coupable, et l'a condamnée à cinq ans et demi de prison.

Selon Sergey Babinets, de Crew Against Torture, qui a rendu visite à Elena Milashina et Alexander Nemov à l'hôpital à Grozny, ils ont indiqué que leurs agresseurs leur avaient dit que cette attaque était menée en guise de représailles pour leur travail sur l’affaire de Zalema Mussaeva.

Le meurtre en 2009 de Natalia Estemirova, une éminente activiste de Memorial, la principale organisation russe de défense des droits humains, a été suivi par une campagne de répression menée sans relâche par Ramzan Kadyrov contre les défenseurs des droits humains et les journalistes dénonçant divers abus en Tchétchénie. Des attaques violentes, y compris une précédente agression perpétrée contre Elena Milashina à Grozny en 2020, des poursuites fabriquées de toutes pièces, des menaces de mort et des campagnes de diffamation féroces ont été menées en toute impunité.

Treize organisations russes et internationales de défense des droits, dont Human Rights Watch, ont conjointement appelé  le gouvernement russe à enquêter rapidement, de manière crédible et impartiale sur l'attaque de ce jour et à mettre fin au cycle de violence et d'impunité en Tchétchénie.

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