Lire la version en anglais du Brief du Jour de Andrew Stroehlein.
Pensez à la pire chose que vous ayez jamais faite.
Ce n'est pas facile à faire, je sais, mais essayez de me suivre.
Quand avez-vous réalisé que ce que vous avez fait était mal ? Avez-vous pu vous excuser auprès de ceux que vous avez blessés ? Avez-vous été pardonné - ou au moins avez-vous trouvé un moyen de faire face-à-face avec vous-mêmes et avec les autres ?
Et maintenant ? Êtes-vous aujourd'hui la même personne qu'au moment où vous avez commis cet geste ? Ou avez-vous évolué ? L'expérience vous a-t-elle forcé à réfléchir et à devenir un être humain meilleur et plus bienveillant ?
Si c'est le cas, vous avez dû vous rendre compte qu'on ne peut pas juger quelqu'un uniquement en fonction de la pire chose qu'il / elle ait commis. Vous avez appris. Vous avez évolué. Vous avez mûri. Tout cela compte.
Il y a plusieurs dizaines d'années, un juge californien a condamné Joseph Bell à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle pour son implication dans un meurtre et un vol. Joseph n'a pas appuyé sur la gâchette. Il a été condamné à la perpétuité en vertu de la règle étrange du « felony murder rule » (« La doctrine de l'homicide concomitant d'une infraction majeure »), qui permet à une personne d'être accusée de meurtre au premier degré pour un meurtre commis dans le cadre d'un crime dangereux, même si cette personne n'est pas le tueur.
C'était donc la fin pour Joseph Bell, semblait-il : la prison à vie, sans issue, sans espoir.
Nombreux sont ceux qui, dans cette situation, sombrent dans le désespoir, mais Joseph Bell s'est transformé, devenant actif dans la coordination de programmes au sein de la prison, tels que des cours de développement personnel, de gestion de la colère et de prévention de la récidive.
Après 24 ans de prison, soit près de la moitié de sa vie, le gouverneur de Californie a reconnu la transformation personnelle de Joseph Bell et lui a accordé une rare remise de peine, lui donnant ainsi la possibilité d'être libéré.
Aujourd'hui, Joseph Bell travaille à plein temps comme chargé de dossier et spécialiste du soutien entre pairs pour un programme de réinsertion à but non lucratif qui travaille avec des personnes sortant de prison. Il est également spécialiste de la réadaptation en santé mentale.
Le cas de Joseph Bell n'est qu'un cas parmi tant d'autres, comme le montre un nouveau rapport de Human Rights Watch. Nous avons examiné le cas de personnes libérées de prison après avoir été condamnées à la perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle en Californie. La grande majorité d'entre eux sont des personnes serviables qui contribuent à la société.
Nous avons constaté que 94 % d'entre elles font régulièrement du bénévolat au sein de leur communauté, que 84 % aident financièrement les autres et que 90 % travaillent à temps plein ou à temps partiel, dont 43 % d'entre elles travaillant dans le secteur associatif.
Presque aucun d'entre eux n'est retombé dans la délinquance, et la raison est bien claire, comme l'explique Bell: les gens peuvent se défaire d'un mauvais comportement et gagner en maturité.
« Avec le temps, on découvre qui on veut vraiment être en tant que personne, et comment on veut affirmer sa place dans la société ou dans l'histoire, etc. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à travailler plus dur en prison et à avoir plus d'impact sur les détenus à risque et les jeunes détenus. »
Les gens peuvent changer, et les peines draconiennes comme la « perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle » ne le reconnaissent tout simplement pas.
Comme le dit Bell - et il le prouve par l'exemple de sa propre vie : « Nos erreurs ne représentent pas qui nous sommes. »