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En septembre 2019, un éminent militant pacifiste camerounais anglophone, Abdul Karim Ali, a été arrêté. Il a été placé en garde à vue sans accès à un avocat pendant cinq jours, avant d’être finalement remis en liberté plusieurs semaines plus tard. Mais l’Histoire a une triste tendance à se répéter au Cameroun, où Ali vient d’être arrêté une nouvelle fois.

Abdul Karim Ali s'exprime lors d'une conférence à Toronto, au Canada, en mars 2020. © Privé

Le 11 août, des militaires ont arrêté Ali dans le quartier de Ntamulung à Bamenda, dans la région Nord-Ouest du pays, et l’ont emmené au poste de gendarmerie local. Il n’a pas été autorisé à voir des membres de sa famille avant le 13 août, date à laquelle, grâce à d’intenses pressions de la part de ses avocats, les autorités ont permis à sa femme de lui rendre visite.

Les avocats d’Ali ont affirmé à Human Rights Watch qu’ils n’ont pas été autorisés à consulter son dossier et qu’il a été interrogé en leur absence, en violation de la loi camerounaise. Bien qu’aucun chef d’accusation officiel n’ait été retenu contre Ali, il a été informé qu’il était accusé d’« apologie du terrorisme », pour avoir eu en sa possession sur son téléphone une vidéo montrant des violations présumées des droits humains commises par un militaire camerounais contre des civils dans les régions anglophones du pays.

Les avocats d’Ali ont affirmé qu’il était détenu dans des conditions déplorables, dans une cellule de six mètres carrés sans fenêtres, sans toilette ni matelas. Il partage cette cellule avec 12 autres détenus.

Les détentions arbitraires et les mauvais traitements de détenus sont monnaie courante au Cameroun. De nombreuses personnes perçues comme étant opposées au gouvernement sont emprisonnées pour des chefs d’accusation fallacieux en lien avec la sécurité nationale ou le terrorisme. Après son arrestation en 2019, Ali avait été emmené au Secrétariat d’État à la défense (SED), un centre de détention notoire dans la capitale, Yaoundé, où Human Rights Watch a documenté un recours généralisé à la torture. Ali a été détenu au secret jusqu’à ce que sa situation soit finalement rendue publique en septembre 2019, lorsqu’il a comparu devant le Tribunal militaire de Yaoundé et a été accusé d’actes de terrorisme, de financement du terrorisme et de sécession. Il a été remis en liberté le 1er novembre 2019.

Emprisonner Ali au lieu de travailler avec lui représente une occasion manquée pour le gouvernement, a déclaré Awah Joseph Fru, l’un de ses avocats. « L'arrestation d'un défenseur de la paix ne permet pas le développement d’un environnement propice à un véritable dialogue. », m’a-t-il dit.

Les autorités camerounaises devraient clarifier la situation d’Ali et respecter ses droits. Posséder des vidéos de militaires prétendument en train de commettre des abus n’est pas un crime. À moins qu’il ne comparaisse sans tarder devant un juge et soit officiellement accusé d’une véritable infraction, il devrait être remis en liberté et autorisé à poursuivre son travail.

 

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